Art contemporain

Nantes (44)

Pour voir

HAB Galerie, jusqu’au 22 février 2015

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 22 janvier 2015 - 333 mots

« En vérité, notre manifestation collégiale hébergée au Hangar à bananes (HAB) de Nantes regroupe simplement quelques installations, quelques vidéo-installations, quelques films, quelques peintures – dont une collective – quelques photographies et divers travaux d’art visuel par définition hybrides et inclassables qui traitent de la récurrence aujourd’hui comme hier du tragique, de l’infâme, de la dévastation systémique, du massacre, de l’inextricable, mais aussi du sublime et de l’humain trop humain – parfois en écho à Sade –, que trois amis ont souhaité réunir au même endroit “pour voir”. »

Animé par le travail collectif, Jean-Jacques Lebel, artiste emblématique des happenings des années 1960, invite ses complices plasticiens Alain Fleischer et Danielle Schirman à s’interroger sur le thème de l’irreprésentable dans l’art. L’image, pour dénoncer, peut-elle et doit-elle tout montrer ? Reposant sur des sujets polémiques, voire tabous (le sexe, la violence, la mort, la religion), l’exposition du HAB dévoile une douzaine d’œuvres nous faisant réfléchir sur le statut de l’image dans notre société ultra-médiatique. Le parcours commence par le Grand Tableau antifasciste collectif (1960) qui fut réalisé par Lebel, Baj, Dova, Crippa, Erró et Recalcati pour dénoncer la torture pendant la guerre d’Algérie. Ensuite, le visiteur questionne son propre regard face à des pièces percutantes qui focalisent crûment sur l’irreprésentable ; ainsi en est-il du Labyrinthe (2013) de Lebel, qui reprend, telles quelles, des images atroces de scènes de l’occupation américaine à Bagdad. À côté de cette démonstration réaliste, les deux artistes invités préfèrent la suggestion. C’est le cas pour Schirman, qui choisit, non sans humour, d’évoquer le jardin des délices sadien via un film qui fait s’animer un livre pop-up révélant des interdits. De son côté, Fleischer montre poétiquement la mort au travail, ou l’entropie, avec sa vidéo Les Hommes dans les draps (1998) dont les plis et replis prennent une apparence tour à tour humaine et monstrueuse. On montre ou on ne montre pas ? Telle est la question que se pose le regardeur en parcourant cette expo courageuse et dérangeante.

« Présenter l’irreprésentable. Jean-Jacques Lebel, Alain Fleischer, Danielle Schirman »


HAB Galerie, quai des Antilles, Nantes (44). www.museedesbeauxarts.nantes.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Pour voir

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