Plossu et Guillot : dialogue inattendu

Demeure la très belle propriété sur laquelle fut construit un manoir de style néo-normand. Propriété désormais du Conseil général du Nord, le lieu est devenu un centre de résidence d’écrivains européens, baptisé Villa Marguerite Yourcenar. En son rez-de-chaussée se décline l’exposition Bernard Plossu-Yves Guillot organisée par le Centre régional de la photographie (CRP) des Hauts-de-France. Une première en ces lieux pour le CRP, qui fête ses 40 ans à travers une programmation multisite, construite à partir de ses fabuleuses collections. Le dialogue Bernard Plossu-Yves Guillot est l’un de ses temps forts, car il donne à voir deux séries de leurs auteurs peu montrées : Paris-Londres-Paris pour Bernard Plossu et La Logeuse pour Yves Guillot. La première, signée Bernard Plossu et Michel Butor, a été réalisée en 1988 dans le cadre de la Mission photographique transmanche, initiée par le CRP pendant vingt ans. Elle associe photographies faites depuis la fenêtre du train avant que le tunnel sous la Manche ne s’ouvre et texte de Michel Butor courant en bas des planches-contact. Tout autre est le voyage que propose Yves Guillot dans La Logeuse, objet d’un livre chez Marval, en 1996. Captation d’intérieurs, d’objets et d’êtres, qui renvoie à une intériorité troublante et à un récit qui ne l’est pas moins. L’association des deux séries aboutit par ailleurs à la mise en regard de deux approches littéraires de la photographie, distinctes et pénétrantes, mais aussi inédites.