Trois questions à

Pierre Rosenberg, président-directeur honoraire du Musée du Louvre, commissaire de l’exposition du Grand Palais

« Une occasion unique »

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 13 mai 2005 - 432 mots

 En 2001 et 2002, vous avez sillonné en compagnie de David Mandrella une soixantaine de villes allemandes dans l’intention de dresser un inventaire de tous les tableaux français des collections allemandes. Quelles ont été les surprises et les enseignements de cette enquête ?
Les surprises ont été comparables aux déceptions ! On espère toujours trouver un Georges de La Tour inédit… Or, je n’en ai pas trouvé ! En revanche, nous avons eu de très bonnes surprises, comme ce tableau de Vincent [François André] déniché à Aschaffenburg (sud de l’Allemagne) sous le nom de « Dietricy » lors de notre premier voyage, ou encore ce Paysage de La Hyre à Cologne. Les visiteurs du Grand Palais pourront découvrir bien d’autres trouvailles…

Comment dresser un panorama de la peinture française à travers des collections allemandes, forcément marquées par les goûts de l’époque ?
Tout d’abord, en France, il n’y a que le Musée du Louvre qui puisse prétendre raconter l’histoire de la peinture française. Pour l’exposition, j’ai insisté sur des œuvres qui n’ont pas leur équivalent au Louvre. Ainsi du Lorrain tardif, Le Christ apparaît à la Madeleine (1681), conservé au Städelsches Kunstinstitut, à Francfort-sur-le-Main. La manifestation du Grand Palais est une occasion unique pour le visiteur. Il s’agit d’une vision complémentaire de celle que peut offrir le Louvre. Aucun musée ne possède une collection comparable à ce jour.

Qu’attendez-vous de l’exposition ?
Avant tout, qu’elle connaisse le même succès que l’exposition que j’avais organisée en 1982 au Grand Palais, à New York et à Chicago, sur les chefs-d’œuvre de la peinture française du XVIIe siècle dans les collections américaines [plus de 220 000 visiteurs en 75 jours d’ouverture]. Je compte aussi beaucoup sur son retentissement en Allemagne, puisque la manifestation sera ensuite présentée à la Fondation Haus der Kunst, à Munich, ainsi qu’à la Kunst- und Austellungshalle der Bundesrepublik Deutschland, à Bonn. Le public allemand pourra découvrir la richesse de cette période. Mais je pense aussi aux musées d’Allemagne qui connaissent souvent mal la peinture française des XVIIe et XVIIIe siècles. Certains artistes, comme Fragonard, les Parisiens de la première moitié du XVIIe ou la peinture d’histoire du XVIIIe, sont insuffisamment représentés en Allemagne. Il faudrait que les musées développent leur politique d’acquisition dans cette direction, que certains musées déjà actifs en la matière – ainsi de la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe, musée le plus entreprenant dans le domaine – poursuivent leurs efforts, et que d’autres se disent qu’il est temps de s’y mettre ! D’une manière générale, on ne peut imaginer quelles seront les retombées d’une exposition. Cela peut réserver bien des surprises…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°215 du 13 mai 2005, avec le titre suivant : Pierre Rosenberg, président-directeur honoraire du Musée du Louvre, commissaire de l’exposition du Grand Palais

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