Pierre Mabille, les mots sont l’émotion

Car, si l’artiste présente une sélection de ses derniers tableaux (une quarantaine d’œuvres de même format et une quinzaine de dessins), il a puisé dans le fonds de la collection de l’école pour proposer un dialogue avec une sélection d’œuvres d’artistes qui lui parlent, l’interrogent, l’accompagnent : David Tremlett, Marine Pagès, Gilgian Gelzer, Shirley Jaffe, Aurélie Nemours, Jacques Monory, etc. Délicieux clin d’œil à la mission de l’artothèque (dont la mission est de prêter des œuvres d’art aux particuliers et aux entreprises, sur le modèle d’une bibliothèque), « Adopte un ange » rappelle que Pierre Mabille est autant féru de mots que de peinture. Poète et traducteur d’Albers, celui-ci se souvient de la phrase de Pierre Gicquel, ancien critique d’art et professeur aux Beaux-Arts (comme Pierre Mabille, d’ailleurs) : « Les mots sont mes petits rôtis », dont découle une photographie de Laurent Moriceau placée en introduction à l’accrochage. Petits rôtis de quoi ? De port, assurément, tant l’œuvre de Pierre Mabille est une invitation au voyage. La forme oblongue qu’il déploie inlassablement dans ses tableaux n’évoque-t-elle d’ailleurs pas un poisson ou un bateau ? Ainsi fonctionne l’exposition – et l’œuvre – de Pierre Mabille : par association d’idées qui naissent de la rencontre fortuite entre ses tableaux et leurs titres, qui sont autant de petits haïkus (Glissé tout bas, Partout des sosies, Ovni ordinaire, etc.), comme entre ses tableaux et les œuvres des autres. Plus qu’une exposition, « Adopte un ange » est un poème visuel…