Pierre Mabille, en pleines formes

Délicatement colorées, elles apparaissent comme de plaisantes surfaces peintes sans autre intérêt que de séduisants entrelacs doucement sinueux aux tons plaisants. Il n’échappe cependant pas au regard que des formes oblongues horizontales identiques se découvrent en nombre sur chaque toile. Dans les sept autres salles de l’exposition, cette même figure en forme de navette ou d’amande pointue est présente sur toutes les œuvres, sans exception. Cette forme peut être de toutes dimensions, pleine ou en contour, isolée, enchevêtrée, superposée, tramée. Pierre Mabille le dit clairement : « J’ai commencé en 1997, comme une sorte d’exercice, à utiliser une seule forme pour voir si ça pouvait simplifier un travail qui commençait à être confus. » Dix-huit ans plus tard, force est de constater que le peintre a su et sait toujours mettre en jeu cette unique forme pour réaliser des peintures d’une surprenante variété, parfois avec humour, loin de tout ressassement indigent. Il élabore depuis 2008 un « antidictionnaire » qui compte à ce jour plus de cinq cents termes, tels un calisson, une cloque, un sexe féminin, un silex poli, une vulve, une zézette de Sète… pouvant être associés à ladite forme. Une série d’œuvres sur papier de format 21 x 29,7 cm complète cette quête allègrement complexe et jubilatoire, à mille lieues des fracas du monde contemporain.