Face-à-face

Picasso et Dora Maar, l’œuvre en noir

Le Journal des Arts

Le 3 mars 2006 - 509 mots

En prenant pour fil rouge la figure de Dora Maar, le Musée Picasso, à Paris, se penche sur les années les plus sombres de la production du maître.

 PARIS - Lorsque Paul Eluard présente Dora Maar à Picasso, au café des Deux Magots à Paris en 1935, elle est une photographe reconnue. Lui vient de quitter Olga et se consacre à l’écriture, au dessin et à la gravure, délaissant un temps la peinture.
Conçue autour de la figure de Dora Maar, qui sera son amie, sa compagne et sa muse, l’exposition du Musée Picasso, à Paris, se penche sur l’une des périodes les plus sombres de l’œuvre de Picasso, marquée par la guerre civile espagnole et par la Seconde Guerre mondiale.
Le Musée Picasso conserve plus de quatre cent cinquante œuvres et documents relatifs aux liens qui unirent Picasso et Dora Maar, acquis pour la plupart lors de la dispersion du fonds d’atelier de cette dernière et par la dation de la succession Markovitch à l’État français, en 1998. Les œuvres présentées ici sont donc en majorité issues du Musée Picasso, complétées d’une centaine de prêts de musées internationaux (le Musée national Reina Sofía de Madrid, notamment) et de collections particulières.
Après une introduction centrée sur la photographie – de sublimes épreuves réalisées d’après des
« clichés-verre » –, l’exposition mêle habilement les portraits de Dora et les œuvres peintes par Picasso durant les années où il vécut avec elle (les « Arlésiennes » par exemple, ou les peintures réalisées à Mougins durant les étés 1938 et 1939).
Chaque phase de sa vie inspire à Picasso des recherches nouvelles, nourrit sa créativité et son imagination. L’époque Dora Maar ne déroge pas à la règle. En ces temps troublés, cette belle femme prend tour à tour l’apparence d’une Femme qui pleure, d’une Femme assise, d’une Femme au chapeau, devenant l’objet de toutes les métamorphoses, du portrait le plus classique (Dora Maar sur la plage, 1936) au plus surréaliste (Tête de femme, 1940).
Plusieurs salles sont consacrées à Guernica (1937), avec notamment le reportage photographique de Dora Maar montrant Picasso en pleine élaboration de l’œuvre dans son atelier des Grands-Augustins, à Paris, et un corpus de dessins, d’esquisses et d’études préparatoires. 1937 est l’année d’une série d’œuvres inspirées par la guerre, plusieurs allégories, un ensemble de « Femmes qui pleurent » et un terrible Femme et enfant mort.
Au terme de ce long cheminement sont rassemblées au sous-sol les peintures réalisées par Picasso
durant la Seconde Guerre mondiale, dont L’Aubade (1942) – accompagnée de dessins et d’études –, et Le Charnier (1945), magistrale conclusion à un ensemble qui révèle un peintre sombre et habité.

PICASSO-DORA MAAR, 1935-1945

Jusqu’au 22 mai, Musée Picasso, hôtel Salé, 5, rue de Thorigny, 75003 Paris, tél. 01 42 71 25 21, www.musee-picasso.fr, tlj sauf mardi, 9h30-17h30 jusqu’au 31 mars, jusqu’à 18h00 à partir du 1er avril. Catalogue, éditions Flammarion/RMN, 320 p., 360 ill., 40 euros. À lire : Marie Ann Caws, Les Vies de Dora Maar, Thames & Hudson, 2000, 224 p., 228 ill., 50 euros, ISBN 2-87811-185-0

PICASSO-DORA MAAR

- Commissaire : Anne Baldassari - Nombre d’œuvres : 250 - Nombre de salles : 18

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : Picasso et Dora Maar, l’œuvre en noir

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