Peintures à trois mains

Warhol-Basquiat-Clemente au Castello di Rivoli

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 437 mots

Le rideau à peine retombé sur la Mostra de Venise et le film Basquiat réalisé par Julian Schnabel, le peintre américain mort en 1988 à l’âge de vingt-sept ans est à l’honneur au Castello di Rivoli, où sont exposées des peintures réalisées en commun avec son \"père-gourou-frère\" Andy Warhol et l’artiste italien Fran­cesco Clemente. Parallè­lement, une exposition Bertrand Lavier y est présentée jusqu’au 12 janvier.

RIVOLI - Au Castello di Rivoli, Jo-Anne Birnie Danzker, Ida Gianelli et Tilman Osterwold explorent un versant peu connu de la vie de Jean-Michel Basquiat : une série d’œuvres exécutées "à trois mains" par Warhol, Basquiat et Clemente, à l’initiative du galeriste Bruno Bischofberger en 1984. Un des trois artistes commençait un tableau, sachant qu’il serait poursuivi et achevé par les deux autres. L’idée empruntait aux "cadavres exquis" surréalistes, à la différence que chaque peintre pouvait voir l’œuvre de ses prédécesseurs. "Nous avons travaillé à quantité de toiles pendant un an, se souvient Basquiat. En général, Andy commençait le tableau avec quelque chose de très identifiable, comme la marque d’un produit. Puis, je le transformais, je le persuadais de travailler encore et je reprenais le tableau. Nous peignions continuellement l’un sur le travail de l’autre". Le 16 avril 1984, Andy Warhol notait dans son journal : "Je pense que les tableaux auxquels nous travaillons sont meilleurs lorsqu’on ne distingue plus qui a peint telle ou telle partie".

L’exposition rassemble une trentaine d’œuvres signées Warhol et Basquiat, une dizaine de toiles réalisées par Warhol, Basquiat et Clemente, et deux tableaux de Bas­quiat et Clemente. Le tout constitue une espèce de poème en images, où les sigles publicitaires avec lesquels Warhol lançait la confrontation fournissent à Basquiat et Clemente matière à des associations volcaniques… et vice versa.

Organisée parallèlement, l’atmosphère des salles de l’exposition Bertrand Lavier, moins tumultueuse, n’en est pas moins débitrice de l’imaginaire Pop lorsque l’artiste installe un réfrigérateur sur un coffre-fort, ou de la vieille pratique du ready-made comme dans ses Relief-peinture exécutés entre 1988 et 1991. Pour les objets de la série Ready-made Primitif (1994), Lavier récupère l’élément onirique des dadaïstes, à l’image de cette montgolfière dégonflée qui gît à terre comme un gant de Max Klinger. Il y aussi place pour de nouveaux "Désastres" : visions glacées et minimalistes d’autos et de motos accidentées présentées comme de véritables Ready-destroy. L’exposition, organisée par Ida Gianelli et Giorgio Verzotti, s’accompagne d’un catalogue édité par Charta.

WARHOL, BASQUIAT, CLEMENTE, 18 octobre-19 janvier, BERTRAND LAVIER, jusqu’au 12 janvier, Castello di Rivoli, tlj sauf lundi 10h-17h, samedi, dimanche et fêtes 10h-19h, le 1er et le 3e jeudi du mois 10h-22h, tél. 11-958 15 47.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Peintures à trois mains

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