Bignan (56)

Peinture coréenne, espaces spirituels…

Domaine de Kerguéhennec jusqu’au 5 juin 2016

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 19 avril 2016 - 328 mots

Il existe au moins deux bonnes raisons de se rendre ce printemps au domaine de Kerguéhennec, un centre d’art particulièrement serein et attrayant situé au cœur d’un vaste domaine agricole.

La première, pour découvrir un important courant artistique coréen. La seconde, pour réaliser à quel point des tableaux, qui peuvent sembler familiers au premier regard, doivent être perçus, pour exister en toute altérité, avec des yeux et un esprit absolument neufs. Initiée par Olivier Delavallade, cette exposition organisée dans le cadre de l’année France-Corée présente huit artistes appartenant au mouvement Dansaekhwa, qui peut se traduire littéralement par « une seule couleur ». Dans les années cinquante, après les sombres années de la guerre et de l’occupation japonaise, de jeunes artistes coréens rompent avec l’académisme et l’art institutionnel. Pour Park Seo-Bo (né en 1931), l’un des peintres fondateurs et figure majeure de Dansaekhwa, l’art doit contribuer à « reconstruire une philosophie de la nature […] L’homme idéal doit se tenir à l’écart du monde séculaire […]. Se nettoyer l’esprit en faisant un trait, non pas pour faire de l’art, mais pour transcender son esprit. » Au premier étage du château, les toiles de Park Seo-Bo se présentent comme de grandes surfaces sombres finement tramées. On peut immédiatement penser à une démarche formaliste proche de l’Art minimal nord-américain. Puis il semble, si le regard s’attarde, qu’il ne s’agit pas vraiment de recherche froidement rigoriste. L’abstraction n’apparaît pas ici comme un but en soi, mais plutôt comme une voie pour parvenir à la matérialisation d’un espace ontologique en harmonie avec l’univers. Le peintre n’est pas ici un homme qui domine les formes qu’il fait naître ; il tente simplement de faire sourdre de la toile comme un écho non de ce qu’il voit, mais de ce qu’il ressent, au plus proche de sa présence au monde. Les œuvres de Choi Byung-So (né en 1943) et de Yun Hyong-Keun (1928-2007), parmi les sept autres peintres, vibrent également d’assonances particulièrement sobres et dépouillées.

« KM 9346. La création artistique coréenne s’invite en Morbihan »

Domaine de Kerguéhennec, Bignan (56), www.kerguehennec.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : Peinture coréenne, espaces spirituels…

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