Marseille

Paysages de l’Estaque

Cézanne, Derain, Braque : naissance du cubisme

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1994 - 370 mots

L’Estaque. Ce petit port tapi dans les environs de Marseille a accueilli la fine fleur des peintres français à la jonction des XIXe et XXe siècles. Le Musée Cantini montre avec justesse, à travers une sélection de soixante-cinq œuvres – dessins et peintures – quelle fut la contribution du paysage de l’Estaque à la peinture de cette époque charnière.

MARSEILLE - Le site de l’Estaque, lieu de villégiature caractérisé par cette lumière méditerranéenne si crue et une architecture industrielle développée sous le Second Empire, inspira particulièrement Cézanne, qui en donna une soixantaine de représentations. Huit d’entre elles, et non des moindres, ouvrent l’exposition.

Son Estaque vue du golfe de Marseille, La mer à l’Estaque, ou encore les Rochers, contiennent déjà, dans leurs facettes lumineuses et structurantes, le germe du cubisme. à partir de 1905, arrivent les fauves : à côté des toiles de Derain aux somptueuses et éclatantes tonalités, aux lignes sinueuses, les compositions de Georges Braque affirment déjà leur relief, leur construction en lignes droites, leurs taches de couleurs distinctement posées (Bateaux sur la plage, L’Estaque).

Raoul Dufy, présent lui aussi en 1908, s’attache plus à l’anecdotique et au décoratif, comme dans les Joueurs de boules. Puis la palette de Dufy et de Braque s’amenuise, se réduisant à deux ou trois tonalités, alors que s’affirment la simplification et la géométrie des sujets, qui prennent surtout leurs modèles dans l’architecture: La terrasse, Le viaduc, Arcades. Peu à peu, on progresse vers l’abstraction et, en 1910, Braque peint les Usines de Rio-Tinto, un des premiers exemples de cubisme analytique.

Le site de l’Estaque aura sans doute été un des lieux propices où se joua l’évolution de la peinture de paysage, car il contenait en lui les éléments révélateurs de la modernité. Quelques années plus tard, Georges Braque dira lui-même: "mes premiers tableaux de l’Estaque étaient déjà conçus avant mon départ, je me suis appliqué encore, néanmoins, à les soumettre aux influences de la lumière, de l’atmosphère, à l’effet de pluie qui ravivaient les couleurs."

\"L’Estaque, Naissance du paysage moderne\"

Marseille, Musée Cantini, jusqu’au 25 septembre 1994 ; commissaires de l’exposition : Nicolas Cendo, Véronique Cerrano. Catalogue édité par les Musées de Marseille et la Réunion des musées nationaux, 243?p., 240 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Paysages de l’Estaque

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