Art moderne

XIXE-XXE SIÈCLES

Paul Richer, le médecin qui exposait au Salon

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 28 décembre 2023 - 368 mots

Ce grand neurologue fut un artiste apprécié. Grâce à un brillant travail scientifique, sa ville natale le tire d’un injuste oubli.

Chartres (Eure-et-Loir). Dans le parcours de l’exposition « Les origines du monde », en 2021 au Musée d’Orsay, une statue attirait la sympathie de tous les visiteurs. Intitulée Premier artiste, elle représente un sculpteur préhistorique tout heureux d’avoir taillé un petit mammouth. Ce grand plâtre, présenté au Salon de 1890 et acquis par l’État, est une œuvre de Paul Richer (1849-1933), dont la première exposition monographique est organisée par le Musée des beaux-arts de Chartres, accompagnée de la première publication qui lui soit consacrée.

Sur le thème du travail

Lorsque Grégoire Hallé, le directeur des lieux, y a entamé le chantier des collections, il s’est rendu compte que le musée conservait un certain nombre de plâtres qui y étaient entrés en 1934 à la suite d’un don de la veuve de Richer. Jamais exposés, ces plâtres étaient poussiéreux et avaient connu quelques accidents. Il a été décidé de les restaurer et de présenter une rétrospective de l’œuvre de ce grand neurologue, membre de l’Académie de médecine, professeur et écrivain. Fait rare, il était aussi membre de l’Académie des beaux-arts.

La première partie de l’exposition, d’une cinquantaine d’œuvres, concerne la sculpture portant sur le thème du travail à laquelle Richer s’est attaché jusqu’à la fin de sa vie. Sur le conseil de son ami, le sculpteur Jules Dalou, il s’est pour la première fois présenté au Salon en 1888. Il en est devenu un pilier, y montrant des statues de paysans, des bas- et hauts-reliefs d’un incroyable brio, des modèles d’objets de table et de vases. Son Bûcheron de la forêt de La Londe, exposé au Salon de 1899 et tiré en grès cérame par la Manufacture de Sèvres à partir de 1903, a été installé dans de nombreux lieux publics en France. S’il a réalisé plusieurs monuments rendant hommage à des scientifiques – visibles dans la seconde partie du parcours consacrée à son œuvre dessiné, sculpté et photographique dans ce domaine –, Richer rêvait probablement de réaliser un monument au travail, le graal d’éminents sculpteurs de l’époque. Une maquette représentant un groupe de forgerons, démontre qu’il n’aurait pas démérité.

Les nouveaux héros. Paul Richer et la sculpture du travail,
jusqu’au 31 décembre, et « En chair et en os. Paul Richer, l’art et la médecine », du 16 mars au 16 juin 2024, Musée des beaux-arts, 29, cloître Notre-Dame, 28000 Chartres.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°623 du 15 décembre 2023, avec le titre suivant : Paul Richer, le médecin qui exposait au Salon

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