Patrick Corillon et les fantômes

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 258 mots

Invité en résidence à la Villa Arson, Patrick Corillon n’a pu résister au charme du jardin qui en marque l’entrée, bordé d’oliviers centenaires. Il ne pouvait faire autrement que de se saisir de cet arbre si emblématique et, par sa magie, d’en transformer un en « arbre à fantômes ».

Corillon a imaginé tout un dispositif fait de sept vieilles lessiveuses enchaînées les unes aux autres autour du vieux tronc. À leurs côtés, un avis qui fait office de mode d’emploi informe le visiteur de l’histoire de cet arbre, devenu lieu de mémoire. Il lui est donc difficile de ne pas avoir dès lors la tentation de soulever les différents couvercles.
À ses risques et périls, bien sûr, de laisser s’échapper à jamais les fantômes enfermés dans les lessiveuses. La curiosité étant toujours plus forte, le visiteur se saisit des couvercles. Si les souvenirs écrits à l’intérieur le laissent perplexes quant à la véracité des faits relatés, que dire alors de la présence des fantômes ? L’œuvre de Patrick Corillon passe d’abord et avant tout par le narratif. Dans la grande tradition d’une littérature oulipienne, qui se joue d’elle-même et du lecteur, Corillon n’a pas son pareil pour inventer une histoire. Ce qui fait la singularité de sa démarche est la façon qu’il a d’en appréhender le fonctionnement. Corillon considère en effet qu’un texte n’existe jamais de façon autonome, mais qu’il appelle toute une mise en scène qui n’est autre qu’une façon de questionner le fait tant de l’œuvre que de l’exposition.

NICE, Villa Arson, jusqu’au 6 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Patrick Corillon et les fantômes

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