La critique

Parreno fait son show

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 16 décembre 2013 - 249 mots

Au Palais de Tokyo, un piano mécanique joue Petrouchka de Stravinsky, des lumières clignotent, les cartels s’illuminent, Marilyn fait entendre sa voix, Zidane se démultiplie, les portes automatiques s’ouvrent et se ferment, un mur tourne lentement : c’est toute l’exposition, conçue de main de maître par Philippe Parreno, qui devient un organisme vivant, ouvert aux apparitions spectrales et à l’aventure de l’art [« Anywhere, Anywhere Out of the World », jusqu’au 12 janvier 2014].

Parreno réussit là où Pierre Huyghe, davantage dans le bricolage à Beaubourg, se plante : il « mouille vraiment le maillot » – toutes ses installations sont techniquement parfaites – pour orchestrer une exposition multimédia qui interroge le rôle de l’art, la mythologie de l’artiste et la place du spectateur. Il faut vivre cette exposition étrange et pénétrante comme un divertissement. Le plasticien-chorégraphe qu’est Parreno, en nous plongeant dans une scénographie mystérieuse oscillant entre fantasme et réalité, fait du visiteur un aventurier arpentant librement 22 000 m2 aux perspectives des plus fuyantes : l’entrée, les escaliers, les couloirs sont comme autant de chemins de traverse qui inviteraient le regardeur à douter de ses perceptions et à se faire son propre cinéma en saisissant, ici et là, un mot, des symboles, un son.

À l’arrivée, en fréquentant ce grand manège, si l’on n’est pas sûr d’avoir croisé le moindre objet d’art tangible, on est en tout cas convaincu d’avoir évolué dans une expo spectaculaire qui, en cultivant ainsi l’immatériel et l’incertitude, est en elle-même une œuvre d’art.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°664 du 1 janvier 2014, avec le titre suivant : Parreno fait son show

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