Art contemporain

Parmi les insectes

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 391 mots

Mais qui est donc Jean-Henri Fabre ? Un entomologiste français actif au XIXe siècle que sa renommée internationale conduisit à entretenir une correspondance avec le célèbre Darwin dans les années 1870. 

Pour rendre hommage à ce scientifique qui passa le plus clair de sa vie vers Avignon, à ausculter des insectes et à enchaîner un nombre impressionnant de thèses, jusqu’à publier ses Souvenirs entomologistes en pas moins de dix volumes, la fondation Électricité de France a fait appel aux compétences du Muséum d’histoire naturelle. L’exposition rassemble bon nombre de documents du maître mais aussi des archives photographiques montrant sa maison, son atelier et surtout son jardin où il aimait observer les richesses du monde des insectes. Les ouvrages d’époque côtoient aussi bien des gravures de Jacques Callot ou Gustave Doré que des œuvres bien plus contemporaines comme les fabuleux trichoptères orfèvres d’Hubert Duprat. Ces petites larves aquatiques ayant pour habitude de se fabriquer une gangue à l’aide de tous les petits débris qu’elles peuvent trouver, Duprat a remplacé ce matériel par des paillettes d’or, des perles, des pierres précieuses et semi-précieuses. Pas impressionnées, les petites bêtes se sont mises à l’ouvrage et ont tissé ces étuis mais, dénuées de toute avidité, elles s’en débarrassent et offrent ainsi à l’artiste de fabuleux joyaux. L’expérience, filmée par Hubert Duprat, se transforme alors en une leçon de choses passionnante. Mark Dion, à qui l’on doit une étude scientifique très amusante mais effrayante sur les mutations animales en milieu urbain, rend lui aussi hommage au grand Fabre à travers une installation sonore, Le Testament de la sauterelle, réalisée spécialement pour l’occasion, et une gigantesque taupe suspendue à une corde, sculpture dédiée au scientifique dès 1997. L’exposition se poursuit en faisant alterner dossiers scientifiques et œuvres témoignant de l’incroyable source d’inspiration que représentaient tous ces insectes pour des artistes Grandville ou Callot. Fabre les décrit en leur donnant des caractères humains, vocabulaire finalement bien plus adéquat pour décrire leurs mœurs ! L’expérience de la science mêlée à celle de l’art semble pouvoir soudain apprivoiser toutes les phobies et se révèle surtout un élixir de jouvence pour les expositions de ce genre.

« De l’Homme et des insectes, J.-H. Fabre (1823-1915) », PARIS, fondation Électricité de France, espace Electra, 6 rue Récamier, VIIe, jusqu’au 31 août. Catalogue de l’exposition, fondation Électricité de France/Somogy, 190 p., 35 euros.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Parmi les insectes

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