Pajou sort du purgatoire

Le Louvre célèbre les talents variés du sculpteur néoclassique

Le Journal des Arts

Le 24 octobre 1997 - 355 mots

Dans la lignée de la rétrospective consacrée à Clodion en 1992, le Louvre dresse un panorama de l’œuvre d’Augustin Pajou, en s’attachant à la diversité des talents du sculpteur néoclassique.

PARIS. "Oh, le beau buste que celui de Lemoyne ! Il vit, il pense, il regarde, il voit, il entend, il va parler", s’exclame Diderot devant le portrait qu’Augustin Pajou a sculpté de son maître. Portraitiste au service d’amateurs éclairés, Premier sculpteur du roi, décorateur d’architectures et dessinateur confirmé, Pajou est une figure artistique majeure de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Contre son rival baroque Caffieri, il représente la sensibilité néoclassique, qu’il tempère de naturalisme, comme en témoigne sa Psychée abandonnée. Le Musée du Louvre le sort d’un relatif oubli et lui consacre une rétrospective. Organisée en collaboration avec le Metro­politan Museum of Art de New York, l’ex­po­sition dévoile la di­ver­sité des talents de l’artiste. Une centaine de statues monumentales et de terres cuites ont été sélectionnées, ainsi qu’une cinquantaine de travaux sur papier et de projets décoratifs. Le parcours, chronologique, se déve­loppe autour de quelques axes forts. La formation académique de l’artiste est illustrée par son morceau de réception, Pluton tenant Cerbère enchaîné, et des dessins réalisés durant son séjour à Rome. Des éléments décoratifs rappellent son intervention à l’hôtel Voyer d’Ar­genson et à l’Opéra de Versailles, tandis que le groupe de la reine Marie Leczinska en Charité évoque son activité dans le domaine funéraire, tout en annonçant ses œuvres monumentales officielles. Les commandes royales – statues de Buffon, Pas­cal, Bossuet, Des­cartes et Tu­renne – sont confrontées aux petites pièces destinées à des collectionneurs privés. L’exposition s’achè­ve sur un thème que Pajou a abordé tout au long de sa carrière : le portrait. Jouant sur différents registres, selon qu’il représente Madame du Barry, maîtresse du roi, ou son ami le peintre Hubert Robert, le sculpteur révèle ici toute sa finesse artistique… et diplomatique.

PAJOU, SCULPTEUR DU ROI, jusqu’au 19 janvier, Musée du Louvre, hall Napoléon, 75001 Paris, tél. 01 40 20 51 51, minitel 3615 Louvre, tlj sauf mardi 10h-21h45. Entrée 30 F. Cata­logue de G. Scherf et J. D. Draper, 390 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Pajou sort du purgatoire

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