Art moderne

Barcelone (Espagne)

Pablo Picasso, de la peinture à l’écriture

Musée Picasso - Jusqu’au 1er et au 15 mars 2020

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 17 décembre 2019 - 306 mots

Picasso et Éluard, Éluard et Picasso, un duo d’affection, des inspirations réciproques, des engagements politiques symétriques ! Comptant à égalité ou presque peintures, poèmes, lettres, dessins et photos inédits, les deux volets de cette vaste présentation constituent un tout mettant en miroir textes et images, couleurs et paroles.

Le visible accompagne ainsi le lisible. Outre le fait que plusieurs d’entre eux serviraient aux deux propos, tous les documents témoignent des étroites relations entre les deux hommes. Soit en filigrane, soit avec évidence, deux thèmes bordent le parcours : la guerre et l’amour. D’abord Paul Éluard. Très tôt fasciné par les élans passionnels des tableaux du peintre et son énergie communicative, il devient en 1934 et jusqu’à sa mort l’ami intime du maître espagnol. En retour, celui-ci lui inspire quelques-uns de ses plus ardents poèmes dont on voit les manuscrits (Novembre 1936, Liberté). Selon Emmanuel Guigon, commissaire de l’exposition, Éluard sera dès lors « l’ambassadeur itinérant » de l’artiste. Picasso ensuite. Apportant un regard approfondi sur son œuvre écrit et fouillant cet univers sans fin, ce second chapitre révèle l’ampleur du goût inné de l’artiste pour les lettres et met l’accent sur ses manières d’écrire, d’user, à l’instar de la gravure, des jeux de variations, des croisements de sens, des symboles, des répétitions, des combinaisons graphiques et calligraphiques, entre idées et illustrations. Ce foisonnement débordant de signes apparaît autant dans les poèmes que dans les pièces de théâtre. D’une partie à l’autre, le visiteur peut faire ses propres rapprochements et établir des correspondances nouvelles, découvrir la série complète des dix-huit portraits d’Éluard au crayon noir sur papier (1941), la suite des Vingt poèmes de Góngora, les gravures du Songe et Mensonge de Franco (1937) et admirer comment Picasso, aussi à l’aise sur la feuille que face à la toile, s’empare de l’espace, domine le mouvement, crée une plastique éloquente.

« Picasso poète », « Éluard et Picasso »,
Musée Picasso, Montcada 15-23, Barcelone, (Espagne), www.museupicasso.bcn.cat

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Pablo Picasso, de la peinture à l’écriture

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