Musée

XIXe

Nouvelles frontières

Le Musée du Louvre présente le second chapitre, curieusement très court, de son aventure américaine

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 12 février 2013 - 499 mots

PARIS - Signé il y a tout juste un an, le partenariat scientifique entre le Musée du Louvre, le High Museum of Art d’Atlanta (Géorgie), le Crystal Bridges Museum of American Art à Bentonville (Arkansas) et la Terra Foundation for American Art de Chicago (Illinois) aborde son second chapitre.

Après une entrée en matière en 2012 avec Thomas Cole et la construction du paysage américain fantasmé, le cycle « New Frontier » s’attaque à la peinture de genre. Comme l’an dernier, l’éventail est modeste : cinq tableaux accrochés dans le recoin de l’aile Denon dévolu à la peinture anglo-saxonne. Exposés à titre de comparaison, deux d’entre deux sont signés de la main de peintres européens et proviennent des collections du Louvre. Une nouvelle fois, une étape séminale de l’histoire de l’art américain est traitée à la vitesse grand V. À tel point que cet accrochage, qui met en valeur les fonds des quatre partenaires, a des airs de bande-annonce pour une future grande manifestation encore imaginaire. L’exposition-dossier est heureusement étoffée par un cycle de conférences creusant le sujet, et de plusieurs films illustrant son propos.

Joie de vivre au quotidien
Au menu : aventure et joie de vivre sur fond d’épreuves quotidiennes. En cette seconde moitié de XIXe siècle, les artistes répondent à la demande identitaire d’un peuple de pionniers. Ses plus riches représentants souhaitent reconnaître leur jeune pays sous des pinceaux trop souvent occupés à reproduire l’exemple européen. Ainsi apparaît George Caleb Bingham, dont Les Marchands de fourrure descendant le Missouri (1845, Metropolitan Museum of Art, New York), qui met à l’honneur les premiers travailleurs-aventuriers du Nouveau Monde, est devenu un emblème de la peinture américaine. Le peintre est ici représenté par Les Joyeux Bateliers (1877-1878, Terra Foundation), resucée tardive des toiles qui ont fait son succès. Dans une mise en regard éclairante, Bingham est rapproché de Jan Steen, maître de l’âge d’or hollandais dont il s’est largement inspiré (Joyeux repas de famille, 1674). Arthur Fitzwilliam Tait exploite à sa manière le filon du mythe du trappeur, immortalisé par Davy Crocket, avec le combat d’un chasseur au corps à corps avec un ours (La Vie de chasseur (En mauvaise posture), 1856, Crystal Bridges). Face au Britannique William Mulready (Instruis l’enfant, 1841-1853) qui dénonce le sort misérable réservé aux marins indiens émigrés de force, Eastman Johnson n’est complaisant qu’en apparence lorsqu’il illustre la misère d’opérette dans laquelle évoluent les anciens esclaves noirs quelques années à peine après leur émancipation (Scène de la vie des Noirs dans le Sud, 1870, High Museum of Art).

New Frontier II, Aux Sources de la peinture de genre américaine

jusqu’au 22 avril, Musée du Louvre, aile Denon, 1er étage, 99, rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01 40 20 53 17, www.louvre.fr, tlj sauf mardi 9h-17h30, le mercredi et vendredi 9h-21h30. Catalogue, Marquand Books (Seattle), à paraître.

New Frontier II

Commissaire : Guillaume Faroult, conservateur au département des Peintures, Musée du Louvre ; Peter John Brownlee, conservateur à la Terra Foundation for American Art

Légende photo

Goerges Caleb Bingham, Les Joyeux bateliers, 1877-1878, huile sur toile, Terra Foundation for American Art, Chicago. © Terra Foundation for American Art.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : Nouvelles frontières

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