Chalon-sur-Saône (71)

Niépce, Klavdij Sluban et les résidents BMW

Musée Nicéphore Niépce Jusqu’au 12 janvier 2014

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 16 décembre 2013 - 353 mots

Il y a deux pôles dans l’œuvre de Klavdij Sluban : les récits de voyage et les prisons, où il anime depuis 1995 des ateliers de photographie.

En commençant le parcours par les jeunes détenus d’un camp disciplinaire russe et en l’achevant par trois grands tirages issus de sa dernière série réalisée en 2012 aux îles Kerguelen, François Cheval, concepteur de cette rétrospective, pose ces deux pôles en regard et en écho d’une œuvre qui, depuis vingt ans, ne cesse d’aller de l’un à l’autre. Aucun des deux ne se distingue, ni dans sa forme ni dans sa narration. Au contraire, ils portent dans leur noir et blanc dense, contrasté, et leur nuancier de gris subtil, cet éclat de lumière identique sur lequel se concentre le regard pris dans cette gravité si propre à leur auteur. Pas une image qui ne résonne d’une perception ultrasensible d’une situation, d’une réalité, qui ne soit porteuse à elle seule d’un récit où pointe immanquablement la violence de l’enfermement, de l’oppression et un grand silence exempt de sordide. Les voyages chez Klavdij Sluban sont toujours liés à un temps de l’Histoire frappé par le chaos. Cependant, que ce soit à Fleury-Mérogis où son travail sur les prisons a débuté en 1995 ou dans les voyages entrepris en Russie, Ukraine, Pologne ou dans le Transsibérien, les portraits, les intérieurs et les paysages portent en eux une part de beau ou de grâce qui éclaire les jours obscurs et les images les plus sombres. Un regard, un froissé de drap d’un lit d’une cellule, une voie de chemin de fer givrée…

Coïncidence du calendrier ou air du temps, les travaux des deux lauréats de la troisième Résidence BMW, qui achèvent leur séjour actuellement au Musée Nicéphore Niépce, relèvent eux aussi d’un enfermement lié ici à une condition sociale. En effet, derrière l’humour décalé, les couleurs flashy et la facétie des images, collages ou photomontages des séries Wild Style ou Le Meilleur Ami de l’homme de Mazaccio & Drowilal, qui seront présentés à Arles, figure également le trouble que ce duo de jeunes artistes fabrique avec la minutie de l’orfèvre.

« Après l’obscurité : Klavdij Sluban, une rétrospective (1992-2012) »,

Musée Nicéphore Niépce, 28, quai des Messageries, Chalon-sur-Saône (71), www.museeniepce.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°664 du 1 janvier 2014, avec le titre suivant : Niépce, Klavdij Sluban et les résidents BMW

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