Matisse s’invite en Suisse

L'ŒIL

Le 1 juin 2006 - 358 mots

Cette exposition Matisse ne brille pas par son originalité, le titre retenu, « Figure, couleur, espace », pouvant s’adapter à toutes les périodes de son œuvre, voire à n’importe quel artiste. Elle mérite néanmoins largement le détour, pour deux raisons. D’abord parce qu’elle constitue la première rétrospective (le nombre d’œuvres et leur diversité justifient ce qualificatif) de l’œuvre de Matisse organisée en Suisse depuis vingt ans. Ensuite parce que les cent soixante pièces retenues sont, en majorité, des chefs-d’œuvre dont on ne se lasse pas.
Comme à l’accoutumée, la fondation Beyeler est parvenue à rassembler des prêts importants de musées américains et européens, mais aussi de nombreuses collections particulières. Peintures, sculptures, dessins et estampes couvrent les différentes périodes de l’artiste, depuis ses premiers intérieurs aux tons sombres des années 1890 (La Liseuse, 1895), jusqu’à ses gouaches découpées des dernières années. Par la démonstration même des ruptures qui la constituent, l’œuvre apparaît ici dans toute sa cohérence et la logique de son évolution, de la figuration classique à l’épure formelle, en passant par les couleurs éclatantes de la période fauve et le goût du décoratif qui le mène, peu à peu, jusqu’aux frontières de l’abstraction.
Chefs-d’œuvre de la période fauve, Les Tapis rouges (1906) et La Gitane (1906) côtoient quelques incontournables tels que Poissons rouges et sculpture (1912) ou Fleurs et Céramique (1913), somptueuse nature morte au bleu profond. Les odalisques et les grands intérieurs décoratifs aux motifs mauresques occupent également une place de choix.
Mais le mérite de cette exposition est aussi de présenter des œuvres moins vues, comme Le Bras (1938), une toile presque abstraite à la construction complexe et aux couleurs puissantes, issue d’une collection privée suisse, ou encore quelques dessins et gravures rarement exposés (Le Grand Bois, 1906, prêté par l’Albertina de Vienne).
Cette promenade au cœur de l’œuvre de Matisse se referme sur quelques-uns de ses plus beaux panneaux de papiers gouachés découpés, notamment Océanie, la mer (1944-1947) ou le méconnu Nu bleu, la grenouille (1952), deux œuvres de la collection Beyeler.

« Henri Matisse. Figure, couleur, espace », fondation Beyeler, Baselstrasse 101, Riehen/Bâle, tél. 41 61 645 97 00, www.beyeler.com, jusqu’au 9 juillet 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : Matisse s’invite en Suisse

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque