Art contemporain

Matisse et ses héritiers, entre référence et révérence 

Par Vincent Delaury · lejournaldesarts.fr

Le 11 décembre 2020 - 317 mots

Pour accompagner la célébration nationale du 150e anniversaire de la naissance d’Henri Matisse, né en 1869 au Cateau-Cambrésis, le Musée départemental Matisse donne à voir, avec « Tout va bien monsieur Matisse » – titre emprunté à une œuvre de Ben –, une exposition collective, orchestrée par le commissaire et directeur adjoint de l’institution Thomas Wierzbinski, regroupant huit plasticiens d’aujourd’hui qui questionnent, entre humour et pastiche, référence et révérence, l’œuvre de Matisse. 

Afin de croiser les regards et de multiplier les dialogues avec ce « père » de l’art moderne, un corpus de pièces variées (tableaux, tissus, sculptures, estampes, photographies) sont disséminées au sein du musée entre intérieur et extérieur, signées tant par des anciens de renommée internationale (Ben, Erró, Marco Del Re) que par des créateurs émergents (Frédéric Bouffandeau, KRM, Patrick Montagnac, Rania Werda) se nourrissant de Matisse. Disons-le tout net, si cette manifestation s’avère plaisante, elle n’a rien de renversant non plus. La faute certainement à bon nombre d’œuvres, à l’emprunt clairement affiché, qu’on s’attendait tout bonnement à croiser, telles les écritures blanches moqueuses de Ben, les imageries pop d’Erró citant ouvertement monsieur Matisse ou encore les compositions sursaturées de Marco Del Re dont la dimension décorative est totalement imprégnée (trop ?) par l’héritage matissien. Fort heureusement, des productions, où l’empreinte de Matisse est bien plus souterraine, créent la surprise : comme marquées par le voyage de Matisse en 1911-1912 au Maroc, qui avait apporté à ses couleurs une légèreté et une luminosité nouvelles, les pièces textiles du couple KRM présentent des aplats de couleur en patchwork évoquant subtilement l’amour de Matisse pour les tissus, et les femmes mystérieuses de la jeune Tunisienne Rania Werda, cachées semble-t-il derrière des moucharabieh, rappellent malicieusement les odalisques matissiennes se fondant dans le décor oriental. Ces deux « réponses » indirectes à l’influence possible de Matisse sont vraiment le meilleur de cette exposition chorale, à la qualité artistique inégale.

« Tout va bien monsieur Matisse »

Musée départemental Matisse, Palais Fénelon, place du Commandant-Édouard-Richez, Le Cateau-Cambrésis (59), www.museematisse.fr 

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