Matisse et l’Orient à Rome

ROME. "Nous n’avons pas recherché l’Orient dans les œuvres de Matisse mais le dialogue qu’il avait instauré avec celui-ci par l’intime connaissance qu’il en avait", explique l’un des commissaires, Rémi Labrusse, auteur d’une thèse universitaire sur l’Orient et Matisse. L’artiste a développé cet intérêt dans les musées, chez les marchands et les collectionneurs, où le style oriental était en vogue au début du siècle. Il découvrit ainsi les estampes japonaises, les tissus coptes, l’art de Byzance, de l’Islam, de l’Inde et de Chine, dont sont présentés des témoignages dans l’exposition, notamment grâce aux prêts des Musées du Vatican. Ses principaux clients étaient d’ailleurs de grands collectionneurs d’art asiatique et du Moyen-Orient, comme le Russe Schukin, la famille Stein, le Français Alphonse Kahn. Cette connaissance le mènera à rompre définitivement avec la façon traditionnelle occidentale de représenter le monde. Une série de ses plus célèbres portraits – Madame Matisse en kimono, Marguerite Matisse, Pierre Matisse –, voisinant avec Zorah, la jeune fille marocaine, Odalisque à la plante verte  et Arabesque, illustre sa façon très particulière de “tisser la lumière”, selon l’expression de Claude Duthuit, autre commissaire, critique d’art et gendre du peintre.