Art contemporain

Paris-4e

Mark Leckey, grisé par le désenchantement

Lafayette Anticipations – Jusqu’au 20 juillet

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 23 avril 2025 - 317 mots

Art Contemporain - À l’exception d’une rétrospective au Consortium, à Dijon, en 2007, on a peu vu l’œuvre de Mark Leckey en France ; il s’agit de sa première exposition dans une institution parisienne.

Né en 1964, au Royaume-Uni, Mark Leckey s’est fait connaître avec la vidéo Fiorucci Made Me Hardcore (1999), montage d’archives de la BBC célébrant la « culture club » et l’adolescence au filtre de la nostalgie. Lauréat du prestigieux Turner Prize en 2008, il poursuit un travail de vidéo, de sculpture, d’installations et de performances nourri par son expérience de musicien, les références à la culture pop et une aspiration à une autre dimension, plus spirituelle. Son exposition à Lafayette Anticipations s’articule autour d’une grande sculpture, Nobodaddy un ready-made d’une figurine appartenant à la collection d’un musée londonien aux allures de divinité expiatoire, et d’un ensemble d’œuvres vidéo et murales inspirées par l’iconographie médiévale. Une tension entre plaisir et désenchantement, profane et sacré, plane sur cette présentation, qui embrasse plus de vingt-cinq ans de production, de ses premiers films emblématiques à ses créations récentes, comme Dazzledark (2023), poème visuel en forme de manège crépusculaire, ou l’installation Mercy I Cry City (2024) dans laquelle Mark Leckey s’intéresse à la représentation en perspective inversée des icônes byzantines, qui permet de démultiplier les points de vue dans une même image. En 2014, le Wiels, à Bruxelles, avait consacré une grande rétrospective à l’artiste sous le titre (emprunté à Guillaume Apollinaire) « Enchanter la matière vulgaire », clé de lecture d’un travail qui pourrait aussi se réclamer de la formule baudelairienne des Fleurs du Mal : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Placée sous le signe de l’extase, l’exposition met l’accent sur la perception émotionnelle d’une œuvre capable de nous faire passer de l’émerveillement à l’anxiété. Elle aura en tout cas le mérite de réparer le long oubli dans lequel nous avons été du travail de Mark Leckey.

« Mark Leckey, As Above So Below »,
– Lafayette Anticipations – Fondation Galeries Lafayette, 9, rue du Plâtre, Paris-4e, www.lafayetteanticipations.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : Mark Leckey, grisé par le désenchantement

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