Louvre, Memling : acte II

\"Le primitif flamand le mieux représenté au Louvre\"

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1995 - 498 mots

Quelques mois après le solennel hommage de Bruges, s’ouvre au Louvre une manifestation plus modeste consacrée à Memling. D’un esprit tout à fait différent, il s’agira ici d’une exposition-dossier, axée sur les œuvres du musée qui n’ont pu se déplacer en Belgique en raison de leur fragilité. L’étude du corpus des primitifs flamands du Louvre, publiée ce mois-ci, donne ainsi à son auteur, Philippe Lorentz, conservateur au département des Peintures et commissaire de l’exposition, l’opportunité de montrer les six Memling de la collection.

PARIS - D’origine germanique, Memling (v. 1435/1440 - 1494) s’était installé à Bruges, cité cosmopolite au commerce prospère, dès 1465. On suppose qu’il avait séjourné auparavant dans l’atelier de Rogier van der Weyden, tant sa dette envers ce maître est importante. Ses clients – églises, congrégations et riches marchands – lui commandaient aussi bien de grands retables que de petits ouvrages, tableaux religieux destinés à la dévotion privée ou portraits.

Cette différence de destination et de technique entre grandes et petites pièces sera le pivot du dossier. "Les grands formats sont très rares", affirme Philippe Lorentz. La Vierge de Jacob Floreins, seul panneau de taille conséquente, sera donc placée à côté des plus modestes Diptyque de Jan du Cellier, Triptyque du Repos pendant la fuite en Égypte ou Polyptyque de Strasbourg, dont la reconstitution proposée sera autre que celle de Bruges (les six panneaux de chêne peuvent être combinés de façon différente).

La présentation du Portrait de femme âgée et du Triptyque de la Résurrection sera aussi l’occasion de faire le point sur les rapports entre les Flandres et l’Italie au XVe siècle. L’irruption du fond de paysage, dans le portrait notamment, ou encore les motifs de putti et de guirlandes de fleurs dans les compositions religieuses prouvent des échanges entre les deux côtés des Alpes, le problème étant de savoir de quelle manière et dans quel sens s’est effectuée cette communication.

On évoquera aussi le dessin chez Memling, même s’il est difficile voire impossible aujourd’hui de trouver des feuilles lui revenant. Son œuvre graphique sera donc suggéré par le biais de la photographie infra-rouge, révélant le magnifique et très géométrique dessin sous-jacent de la Vierge Floreins.

Memling a été l’un des premiers parmi ses contemporains à être redécouvert à la fin du XIXe siècle. La grande popularité dont il a joui lui valut alors d’entrer au musée, ce qui lui donne aujourd’hui le statut de "primitif flamand le mieux représenté au Louvre".

"Memling", Paris, Musée du Louvre, aile Sully. Accès libre avec le billet du musée (40 F. jusqu’à 15h, 20 F. à partir de 15h et le dimanche). Catalogue par P. Lorentz, éditions RMN, 104 p., 120 F. Corpus de la peinture des anciens Pays-Bas méridionaux et de la principauté de Liège au XVe siècle. Musée du Louvre, tome II (E à M), par M. Comblen-Sonkes et P. Lorentz, co-édition RMN/Centre International d’Étude de la peinture médiévale des bassins de l’Escaut et de la Meuse, 2 vol., 304 et 240 p., 650 F.

Nouvelles acquisitions

Le département des Objets d’art du Louvre présente jusqu’au 24 juillet (Hall Napoléon), les 158 œuvres (ivoire, orfèvrerie, bronze, armes, tapisserie, émail peint, mobilier, céramique…) qui ont enrichi ses collections entre 1990 et 1994. La majorité de ces acquisitions – 89 – sont des dons. La Société des amis du Louvre a donné huit chefs-d’œuvre, dont le lit de Madame Récamier et le diadème de l’Impératrice Eugénie. Le mécénat de trois entreprises a permis l’entrée dans les collections d’un calice byzantin, d’un grand portrait de Louis XIV en verre et d’un vase "à étoiles" en porcelaine de Sèvres. Trente et une dations ont été conclues, dont celles concernant un ensemble d’ivoires, d’œuvres d’orfèvrerie et de tapisseries du Moyen Âge de l’ancienne collection Martin Le Roy, un hanap du XIVe siècle au poinçon de Paris, une commode en laque de B.V.R.B., une paire de vases en bronze, six meubles en porcelaine de Sèvres dont la célèbre commode de Madame du Barry provenant des anciennes collections Rothschild. Enfin, le musée a réalisé trente-cinq acquisitions onéreuses, une en vente publique, vingt-quatre chez des marchands – dont une à l’étranger – et dix auprès de particuliers.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Louvre, Memling : acte II

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