Art moderne

XIXE SIÈCLE

L’orientalisme, une histoire lorraine

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 15 novembre 2017 - 490 mots

La Lorraine a donné naissance à un mouvement orientaliste que met en lumière le Musée des beaux-arts de Nancy.

Nancy. Sous le titre « Lorrains sans frontières », la ville de Nancy présente en deux volets les rapports de la Lorraine avec le reste du monde. Au Palais des ducs de Lorraine-Musée lorrain, l’exposition « C’est notre histoire ! » déroule les vagues de migrations que la région a connues. Au Musée des beaux-arts sont présentées « Les couleurs de l’Orient », une analyse de l’orientalisme chez les artistes lorrains du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

La première salle s’intéresse à « L’Orient fantasmé », celui des jeunes peintres admirateurs de Delacroix. Deux circonstances particulières ont joué ici en faveur de ce mouvement. D’une part, raconte Charles Villeneuve de Janti, directeur des musées de Nancy et commissaire de l’exposition, l’exécuteur testamentaire du maître est « un Lorrain, Charles Cournault, qui hérite notamment de tous les objets rapportés d’Afrique du Nord par Delacroix. Et comme il est très impliqué dans la vie artistique nancéenne, il attire chez lui tous les jeunes artistes dont Victor Prouvé et Émile Friant ».
 

Prouvé en fil conducteur

D’autre part, le peintre Louis Théodore Devilly devient directeur du musée et de l’école des beaux-arts de la ville où il est le maître des mêmes jeunes artistes. Cet admirateur de Delacroix peint des œuvres orientalistes qu’il présente au Salon bien avant de pouvoir aller en Algérie. Le Musée des beaux-arts présente Mort du sergent Blandan (1882), tableau pour la réalisation duquel il a entrepris ce voyage. L’œuvre constitue une découverte pour le visiteur, mais aussi pour l’équipe du musée, car elle était en très mauvais état et a bénéficié d’une restauration pour l’occasion.

Victor Prouvé est le fil conducteur des trois salles. Dans la première, il fait partie de ces artistes qui fantasment l’Orient comme en témoigne son odalisque Nurmahal (1886). Dans la deuxième, consacrée au voyage en Orient, sont évoqués ses deux séjours en Tunisie, en 1888 et 1890. On y découvre aussi Aimé Morot, gendre de Jean-Léon Gérôme et grand voyageur, en particulier en Afrique noire. Peintre académique et prix de Rome, il était également excellent sculpteur. Jacques Majorelle fait aussi le lien entre cette partie de l’exposition et la suivante, où l’Orient apparaît comme un répertoire de formes pour l’Art nouveau et l’Art déco. Dès son premier voyage en Égypte émerge le talent du jeune peintre qui rejoint le Maroc sur les pas de Lyautey, un autre Lorrain. Des kasbahs de l’Atlas, il rapporte un luxueux recueil de planches en quadrichromie (1930).

Dans la troisième salle, au milieu des verres de Gallé et Daum, le coffret La Parure (1894) de Victor Prouvé voisine avec le portrait de deux femmes noires, Ito et Zara (1935), de Majorelle, des affiches et le Cabinet (1925) produit par son atelier marocain et récemment restauré. Une autre redécouverte dans cette exposition remarquable d’une centaine d’œuvres dont chacune ou presque fait l’objet d’un cartel détaillé.

 

 

Les couleurs de l’Orient,
jusqu’au 4 février 2018, Musée des beaux-arts, 3, place Stanislas, 54000 Nancy.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°489 du 17 novembre 2017, avec le titre suivant : L’orientalisme, une histoire lorraine

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