L’or des peuples du soleil

Trois cents chefs-d’œuvre d’orfèvrerie précolombienne du Musée de l’Or de Bogota exposés à Toulouse

Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1996 - 511 mots

Prêtés par le Musée de l’Or de Bogota, trois cents ornements, pendentifs, pectoraux, diadème en or et céramiques révèlent la richesse des cultures pré-hispaniques de la Colombie, où est né le mythe de l’El Dorado. Un art précolombien fascinant et original, pourtant moins connu que celui des Incas.

TOULOUSE - À la différence des civilisations anciennes du Mexique et du Pérou, les cultures préhispaniques de la Colombie restent encore peu connues. Malgré "l’absence d’architecture monumentale", comme le rappellent dans l’introduction au catalogue les deux organisateurs de l’exposition, Cle­men­cia Plazas (directrice du Musée de l’Or de Bo­gota) et Alain Da­guerre de Hureaux (di­recteur des Au­gustins), le patrimoine archéologique de la Colombie est aussi ri­che que celui des pays voi­sins. Les ré­cen­tes dé­couvertes, telles les tom­bes spectaculaires des seigneurs de Mala­gana fouil­lées en 1992, en témoignent. Ces "trésors" sont aujourd’hui dilapidés par les guaqueros, pillards de tom­bes comme au temps des Conquis­ta­dores. Grâce à l’action du Musée de l’Or de Bogota, créé en 1939, dont on a pu voir une partie des col­lec­tions à Metz en 1994 avec "L’Or des Dieux, l’or des Andes", ces civilisations précolombiennes sont au­jour­d’hui étudiées et sortent de l’ombre.

C’est pourquoi, l’exposition de Toulouse, aussi modeste soit-elle dans sa conception – vitrines sobres et peu d’explications sur les cartels – permet de découvrir des œuvres rares et de grande qualité. Elle nous introduit dans un monde fascinant : celui des "peuples du Soleil" (les To­lima, Quim­baya, Narino, Calima, San Agustin au sud-ouest ; les Sinù, Tairona, Muisca au nord) qui vouaient un véritable culte au soleil. L’or, métal précieux, en était le symbole prestigieux. Seul un panneau explicatif an­nonce à chaque fois les différentes cultures qui se succèdent sur une période comprise entre le VIe siècle av. J.-C. jusqu’à la conquête espagnole. Les pectoraux coniques, les pendentifs zoomorphes ou anthropomorphes, les boucles d’oreille en éventail offrent une variété de styles et de formes au symbolisme mystérieux. Ces parures sacrées étaient portées par les caciques ou les chamans pendant les cérémonies cultuelles. Pièce maîtresse de l’exposition, un diadème-masque Calima, composé de plaques et pendeloques en or, focalise l’attention.

À côté des pectoraux ornés d’étranges visages, sont présentés d’étonnants ornements de nez abstraits et horizontaux. Ceux des Tairona, les nariguera, déformaient même le visage lors des séances de métamorphose. Découverts dans les sépultures avec les céramiques, ces objets rituels étincelants, révèlent également une mythologie complexe. Les orfèvres précolombiens, qui excellaient dans les techniques de l’or, se référaient notamment à un riche bestiaire animalier. Le jaguar, les chauves-souris, ou les oiseaux liés au "Monde d’en bas" ou à des forces occultes, se trouvent ainsi représentés dans chaque culture et déclinés en autant d’expressions, parfois audacieuses, d’un art vibrant et magique.

CIVILISATIONS DU SOLEIL, Chefs-d’œuvre d’orfèvrerie du Musée de l’Or de Bogota, jusqu’au 16 décembre, Musée des Augustins, 21 rue de Metz 31000 Toulouse, tél : 05 61 22 21 82, tlj sauf mardi 10h-19h, le mercr. 10h-21h. Catalogue collectif, Chefs-d’œuvre du Musée de l’Or de Bogota, coédition Ville de Toulouse/Adam Biro, 160 p, 150 ill. couleurs, 220 F et 280 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : L’or des peuples du soleil

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