Scène

L’Opéra-Comique exposé

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 2 juin 2015 - 450 mots

Le Petit Palais évoque les œuvres lyriques qui ont fait la renommée de l’opéra parisien.

PARIS - Qu’ont en commun Carmen, Manon, Lakmé ou encore Mélisande ? Elles sont les héroïnes au destin tragique d’œuvres lyriques emblématiques créées il y a plus d’un siècle sur la scène de la salle Favart, plus connue sous le nom d’« Opéra-Comique ». Le théâtre national célèbre cette année trois siècles d’une existence mouvementée, dont les heures fastes à la fin du XIXe siècle peuvent faire oublier que l’établissement fut fondé quelques décennies à peine après l’Opéra de Paris et la Comédie-Française.

Focalisée sur la période entre les années 1870 et 1902, dates de création respectives du Carmen de Georges Bizet et du Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, l’exposition que lui consacre aujourd’hui le Petit Palais a largement puisé dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France (BNF), du Musée d’Orsay, du Centre national du costume de scène (Moulins) et du Musée Carnavalet-Histoire de Paris.

Proximité avec le public
Le classicisme du texte, de la musique et de la danse ayant la primeur sur les scènes de l’Opéra de Paris et du « Français », l’Opéra-Comique a attendu le Second Empire pour s’émanciper et embrasser l’originalité. De taille réduite, la salle favorise un rapport intime avec le public et l’adoption de thèmes plus contemporains traités de manière réaliste. Entrés dans la mémoire collective après avoir fait le tour du monde, Carmen, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, Lakmé de Léo Délibes ou encore Manon de Jules Massenet ont aussi conquis des territoires inédits, tant sur le plan esthétique, émotionnel que moral – « La mort à l’Opéra-Comique ! », s’était indigné le directeur Adolphe de Leuven à la création de la sulfureuse Carmen. Les deux commissaires, Agnès Terrier, dramaturge à l’Opéra-Comique, et Cécile Reynaud, conservatrice en chef du département de la Musique à la BNF, ont sélectionné quelque 200 pièces pour illustrer la genèse de ces œuvres dont on peut admirer les partitions originales, les affiches, les costumes, une poignée de photographies et même quelques enregistrements historiques. La scénographie originale, signée Alain Batifoulier pour le Studio Tovar, plonge le visiteur dans les coulisses du théâtre. Un bref synopsis de chaque opéra aurait cependant été bienvenu pour parfaire les connaissances des visiteurs non avertis.

Un autre drame, bien réel celui-là : l’évocation de l’incendie survenu le 25 mai 1887, qui causa la mort de deux cents personnes et autant de blessés ; lors de la reconstruction, il sera fait appel à de nombreux artistes. Quelques années plus tôt, les flammes avaient ravagé l’Opéra de la rue Le Peletier. Mais cette fois la leçon est retenue : les théâtres parisiens sont contraints d’abandonner le gaz pour l’électricité.

De Carmen à Mélisande. Drames À l’Opéra-comique

Jusqu’au 28 juin, Petit Palais, Musée des beaux-arts de la Ville de Paris, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, tél. 01 53 43 40 00, tlj sauf lundi 10h-18h, 10h-21h le vendredi, www.petitpalais.paris.fr, entrée 8€. Catalogue, Paris Musées, 160 p., 35€

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°437 du 5 juin 2015, avec le titre suivant : L’Opéra-Comique exposé

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