ARTS GRAPHIQUES

À Lodève, les beaux papiers d’une fondation

Le Journal des Arts

Le 20 septembre 2017 - 414 mots

Le Musée de Lodève présente les meilleurs morceaux de la collection d’estampes de la Fondation Cuendet. Un parcours intense sur cinq siècles.

Lodève (Hérault). Même fermé pour travaux jusqu’en 2018, le Musée de Lodève pousuit sa belle politique d’exposition. « Impressions fortes » propose de faire découvrir la richesse des collections d’arts graphiques d’une institution privée suisse, la Fondation William Cuendet (Lausanne), peu connue du grand public. Il faut aller au-delà du sous-titre, convenu, de l’exposition, « L’estampe en 100 chefs-d’œuvre Dürer, Rembrandt, Goya, Degas… ». « Il s’agit de montrer la complexité et la diversité des paroles de la gravure depuis cinq siècles », explique Florian Rodari, conservateur de la fondation et co-commissaire de l’exposition. La surprise du parcours réside dans l’extrême richesse et la qualité des collections de la Fondation, créée en 1977 par les héritiers de William Cuendet (1886-1958), pasteur et collectionneur. Autour d’un noyau initial de 53 planches de Rembrandt et 117 de Dürer, des dons, des legs et des achats sont venus s’ajouter au fil des années. Aujourd’hui déposé à Vevey en Suisse, le fonds recense plus de 10 000 pièces.

Au détour de sept sections thématiques très pédagogiques, on croise donc de grands maîtres. La Pièce aux cent florins, grande eau-forte christique de Rembrandt datée de 1649, côtoie les représentations bibliques à la limite du fantastique de Dürer. « Il y a ici une fonction historique de la gravure : un pasteur s’en sert pour illustrer ses sermons », explique Florian Rodari, évoquant la passion initiale de Cuendet pour les deux artistes.

Claude Mellan en don
Le parcours est éclectique : des deux figures tutélaires de la collection, on saute à Venise avec Canaletto et à Rome avec Piranèse. Chaque pièce mérite un temps d’observation et de contemplation : la science du noir et du blanc éclate et étonne chez Canaletto, qui observe avec acuité les effets de lumière sur les paysages vénitiens. En 2016, la Fondation a reçu en don la quasi-totalité de l’œuvre gravé de Claude Mellan (1598-1688). La Sainte Face, réalisée d’un seul trait sans lever l’outil de la plaque, est un morceau de virtuosité et de bravoure technique. Il faudrait encore évoquer un magnifique Autoportrait de Pierre Tal Coat, Les Yeux clos d’Odilon Redon ainsi que la section qui réussit à rendre accessible et intéressante l’histoire des techniques, une vraie gageure.

Les œuvres contemporaines aussi retiennent l’attention par des recherches graphiques renouvelées et qui résonnent avec les œuvres anciennes : l’estampe reste finalement une quête complexe autour du trait et de la lumière.

Impressions fortes, L’estampe en 100 chefs-d’œuvre,
jusqu’au 5 novembre, Cellier des évêques, boulevard Gambetta, 34500 Lodève.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : À Lodève, les beaux papiers d’une fondation

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