Lionel Sabatté, de soie et de poussière

Parmi les perles à voir : la nouvelle série de peintures que Lionel Sabatté a réalisé en dialogue avec le château. C’est la première fois que l’artiste expérimente la peinture mêlée à d’autres matériaux, ici, la soie et la poussière dans un même corps de peinture. Une manière d’associer le luxe et le déchet, tel un écho politique à l’histoire d’une époque qui a enfanté autant d’ombres que de merveilles. Il y a, dans ces carcasses de matières, un désir de sublimer la chair et d’en faire une lumière. Une tentative par laquelle Lionel Sabatté s’inscrit volontairement dans un héritage pour la première fois pleinement assumé : de La Raie de Chardin au Bœuf écorché de Rembrandt, de Soutine, Rebeyrolle à Bacon ou Velickovic. Incontournable aussi : la surprenante chouette sculptée par l’artiste aux abords du lac et de la forêt, qui demeurera en place après l’exposition. Un peu comme une caverne, la sculpture est conçue comme un abri pour le promeneur et pourra servir d’observatoire. Insolite : dans une petite vitrine, vous découvrirez un morceau de biface préhistorique, un burin ayant servi à graver les os, que l’artiste a trouvé sur les lieux ! Autre surprise, enfin, le spectaculaire Champs d’oiseaux déployé dans les jardins, et la dernière expérimentation de Lionel Sabatté, qui retravaille avec de la poussière des portraits de végétaux photographiés dans la forêt de Chambord et sérigraphiés sur toile : une « poussiérographie » qu’il révélera plus en profondeur lors de sa prochaine exposition à la Galerie Ceysson.