L’instant photo de Béatrice Helg

« La photographie me permet d’explorer l’invisible, l’insoupçonné, l’espace du dedans. C’est une autre manière d’appréhender, de questionner le réel, la vie, le monde », explique-t-elle. Mais que l’on ne s’y méprenne pas : « La photographie n’est pas une trace de mes constructions mentales : au contraire, elle joue un rôle important car elle permet à ces espaces d’exister. Je créerais des images différentes si j’utilisais un autre médium. » Béatrice Helg peut ainsi passer des jours et des jours dans son atelier avant de créer une image, car cette dernière « n’existe que dans un champ de vision extrêmement précis, par la lumière. Tout cela ne tient qu’à un fil, à un moment où, tout d’un coup, l’espace existe. » Il suffit à la photographe une ou deux prises de vue seulement ! La sélection de photographies qui se découvre au fur et à mesure que l’on chemine dans les salles du Musée Réattu, le musée des beaux-arts de la ville, et de ses collections, couvre les 35 dernières années de création d’une photographe plus référencée étrangement par le monde de l’art contemporain que par celui de la photog raphie. Près de vingt ans après sa premiè re exposition dans le cadre des Rencontres d’Arles 2006, cette monographie, la première de cette importance qui lui ait été consacrée, met ou remet en lumière le travail d’une photographe qui, dès les années 1970, s’est confrontée à la matérialité de l’image, et qui a trouvé, dans l’alchimie de la lumière, de l’espace, de la matière et d’un moment, l’instant décisif qui donnera naissance à un univers empreint d’une profonde intériorité.