XVIIe

L’icône de LaTour

Par Suzanne Lemardelé · Le Journal des Arts

Le 26 novembre 2013 - 451 mots

À Vic-sur-Seille, le Musée Georges de la Tour explique l’art du peintre à travers ses représentations de saint Jérôme.

VIC-SUR-SEILLE - Quatorze tableaux, un unique saint pour sujet, l’exposition du Musée Georges de La Tour est à l’image de la peinture du maître lorrain : dépouillée et fascinante. Tantôt lisant, tantôt se flagellant, saint Jérôme est un thème que La Tour (1593-1652) décline tout au long de sa carrière, une porte d’entrée idéale pour s’immiscer dans la production de cet artiste mystérieux. Prisé de son vivant, oublié peu après sa mort, Georges de La Tour est redécouvert au début du XXe siècle et consacré lors de l’exposition des « Peintres de la réalité » au Musée de l’Orangerie en 1934. À compter de cette date, les historiens de l’art lui attribuent de nombreux tableaux, s’appuyant ici sur la lueur d’une bougie, là sur ce rouge que l’on pense si caractéristique, puis se dédisent parfois quelques années plus tard, mettant en lumière la multitude de copies et d’imitations dont l’œuvre a fait l’objet. Les trois premiers tableaux de l’exposition racontent ces tâtonnements. Un jour attribué à La Tour, les toiles sont présentées avec lettres et coupures de presse qui témoignent de ces débats. Si la paternité du maître est aujourd’hui réfutée, la juxtaposition de deux compositions identiques (Saint Jérôme en prière, église Saint-Leu-Saint-Gilles, Paris et Saint Jérôme en prière, Musée Eugène Boudin, Honfleur) aiguise le regard du visiteur et l’amène à comprendre le travail des historiens de l’art.

Attributions ouvertes
Exposer La Tour et ses zones problématiques oblige à des précautions. Cartels sans dates (lesquelles étant régulièrement débattues), transparence extrême des attributions, sans manière et avec une rigueur scientifique qui ne nuit pas à la délectation esthétique, l’exposition s’appuie sur un catalogue très complet et parvient à dire beaucoup avec peu d’œuvres. Quatre toiles sont réellement de la main de La Tour. Le magnifique Saint Jérôme du Prado, retrouvé en 2005, est exposé pour la première fois hors d’Espagne. Il côtoie le Saint Jérôme d’Hampton Court, prêté par la reine d’Angleterre et dont la couche picturale amincie par le temps laisse entrevoir la trame de la toile. L’exposition se termine par une intéressante confrontation entre les Saint Jérôme pénitent du Nationalmuseum de Stockholm et du musée de Grenoble. Une belle façon de célébrer les dix ans d’ouverture du musée vicois.

Saint jérôme et georges de la tour, jusqu’au 20 décembre,

Musée départemental Georges de la Tour, place Jeanne d’Arc, 57630 Vic-sur-Seille. Tel. 03 87 78 05 30, http://www.cg57.fr, mardi-dimanche, 9h30-12h, 13h30-18h. les mercredis 20h-22h sur réservation. Catalogue IAC-éditions d’art, 289 pages ,32 €.

Commissariat : Dimitri Salmon, collaborateur scientifique de conservation au Musée du Louvre, en collaboration avec la conservation du Musée Georges de la Tour
Nombre d’œuvres : 14

Légende photo

Georges de La Tour, Saint Jérôme Lisant, huile sur toile, 79 x 65 cm, Museo nacional del Prado, Madrid. © Museo nacional del Prado.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°402 du 29 novembre 2013, avec le titre suivant : L’icône de LaTour

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