L’humour macabre d’Annette Messager

L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 323 mots

Annette Messager présente au Musée des Beaux-Arts de Nantes une série d’œuvres qu’elle a spécialement réalisées pour le lieu, tout en préparant son travail pour l’exposition Documenta 11. Les deux projets s’articulent donc parallèlement. On y retrouve les mêmes figures, pantins et peluches qu’elle assemble, coud, découd et recoud, des jambes, des bras, des corps reliés par des ficelles, qui forment des sortes d’automates. Annette Messager manipule personnages et éléments divers. Suspendus ou posés au sol, ils sont, par des cordes, reliés à des moteurs et s’animent, « bougent lentement, montent et descendent ». Avec eux, Annette met en scène « un cortège de figures désarticulées, contorsionnées, déformées ». Pour Nantes, elle imagine un grand personnage, Gulliver, étendu au milieu du patio et transpercé par des piques sur lesquelles sont montés de petits personnages. Outre son grand nez, l’artiste lui attribue un très gros ventre comme son « nounours qui a le ventre qui bouge en faisant du bruit ». Tout autour, sous les galeries, accrochés au mur ou suspendus sous les arcades, des personnages qui forment autant de petites scènes parallèles, comme les trois acteurs de Rien vu, rien dit, rien entendu. Tout l’univers de l’artiste est là, tissus, peluches, pantins montés et démontés, animaux, personnages éventrés ou embrochés, créatures hybrides fantastiques ou monstrueuses, mi-homme mi-animal, mais aussi des armes, des avions. Tour à tour macabre, drôle ou sarcastique, l’artiste dépeint le monde, l’humanité, la société actuelle, sur un mode grinçant. Son univers ressemble à un théâtre inquiétant et dérisoire. Le patio du musée est transformé en « une cour des miracles » selon le mot de Guy Tosatto, commissaire de l’exposition. Annette se fait encore une fois chroniqueuse des désordres du monde. Une vision drôle et pathétique qui rappelle l’univers de Dante, ou de Bosch, comme le dit Catherine Grenier, conservateur au Centre Pompidou.

Nantes, Musée des Beaux-Arts, 10, rue Georges Clemenceau, tél. 02 40 41 65 65, 8 novembre-27 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : L’humour macabre d’Annette Messager

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque