Art moderne

L’homme et le point dans la peinture de Seurat

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 23 février 2010 - 358 mots

Le Cirque. Chef-d’œuvre de l’exposition, ce tableau de Georges Seurat (1859-1891) est l’une des sept grandes toiles qu’il peignit dans sa courte vie, qui prit fin lorsqu’il était âgé de trente-deux ans.

Réalisé quelques mois avant sa mort, ce tableau est l’un des plus beaux exemples du style pointilliste, une technique mise au point par Georges Seurat, qui consiste à décomposer les couleurs de son modèle et à juxtaposer des petits points de peinture en utilisant des couleurs pures ou complémentaires.
 
S’attachant à montrer l’importance et le rôle de la figure humaine dans l’œuvre de Seurat, l’exposition comprend une soixantaine de peintures, esquisses et dessins datés de 1875 à 1891. Séduit par les recherches scientifiques sur la lumière ainsi que par les émotions qu’elle suscite, l’artiste commence par étudier le dessin en noir et blanc dans les années 1880.
 
Travaillant à l’aide d’un crayon Conté très gras sur du papier à gros grain, il se sert des aspérités de la surface pour faire apparaître le blanc et donner une profondeur particulière au noir. Dans ses dessins, il fait surgir des formes par l’imbrication de l’ombre et de la lumière sans délimiter les contours, donnant une impression de flottement à ses sujets. « Grâce à la science parfaite des valeurs, on peut dire que ces blancs et noirs sont plus colorés et plus lumineux que maintes peintures », dira Paul Signac, fondateur du pointillisme avec Seurat.
 
Dans les années qui suivent, l’artiste applique sa théorie à la peinture et aux couleurs. En 1884, il peint Une baignade à Asnières, le premier de ses sept grands tableaux, puis Un dimanche après-midi à la Grande Jatte (1884-86), considéré comme étant l’œuvre fondatrice du pointillisme. Absentes de l’exposition, ces deux œuvres majeures sont évoquées à travers des croquis à l’huile (« croquetons ») et des dessins préparatoires réalisés en plein air. Ces derniers mettent en lumière la rigueur avec laquelle l’artiste travaillait, la démarche scientifique, géométrique et régulière qui sous-tendait son travail, l’opposant radicalement à la démarche intuitive et spontanée des impressionnistes.

Voir

« Georges Seurat : Figure in Space », Schirn Kunsthalle Frankfurt, Römerberg, Francfort (Allemagne), www.schirn.de, jusqu’au 9 mai 2010.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°622 du 1 mars 2010, avec le titre suivant : L’homme et le point dans la peinture de Seurat

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