Art contemporain

Paris-16e

L’homme, de la bête au cyborg

Musée de l’homme - Jusqu’au 31 mai 2022

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 26 octobre 2021 - 341 mots

Sonder les frontières de l’humain, cerner ce qui nous appartient en propre et ce qui nous fait pencher d’un côté vers l’animal, de l’autre vers la machine, est décidément la grande affaire de ce début de XXIe siècle.

En consacrant une exposition à ce thème, le Musée de l’homme affirme ainsi son positionnement depuis sa réouverture : celui d’un musée de société en prise avec les questions que charrie l’air du temps. Conçue et mise en œuvre par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), « Aux frontières de l’humain » se veut aussi hybride, décloisonnée et foisonnante que son sujet. L’exposition s’intéresse à la fois aux limites de l’homme et à ce qu’il met en œuvre pour les surpasser. Après avoir pointé combien minces étaient celles qui le distinguent de l’animal, elle évoque une série d’affranchissements, par le sport de compétition, par la réparation des corps et leur augmentation, par leur mutation grâce aux biotechnologies. On aborde ensuite cette limite absolue et indépassable qu’est la mort, pour finir sur celles de la planète et le péril mortel, catastrophique, que constitue leur dépassement. Pour souligner combien ces frontières sont plus ou moins franchissables et mouvantes selon l’évolution des cultures, des lois et des technologies, l’accrochage rassemble un corpus hétérogène, où se mêlent citations, objets techniques et technologiques, cultures de masse, collections d’anthropologie et de sciences naturelles. Y figurent aussi diverses œuvres d’art, dont certaines ont été produites pour l’exposition. Parmi elles, Quadrum de Samuel Yal : cet autoportrait en porcelaine et nylon figure sur le seuil en guise d’entrée en matière et pose d’emblée l’image d’un humain diffracté et en quelque sorte « déconstruit ». D’autres, comme les sculptures de Lee Bul et de Patricia Piccinini, les photographies de Mathieu Gasfou de la série H+ (2015) ou celles qui présentent les démarches de Stelarc, Sophie De Oliveira Barata ou Orlan, viennent donner forme et corps (cyborg ou mutant) au propos de l’exposition. Au-delà de leur portée illustrative, elles désignent aussi la création comme le lieu de l’affranchissement des limites, par le rituel ou l’exercice de l’imagination…

« Aux frontières de l’humain »,
Musée de l’Homme, 17, place du Trocadéro, Paris-16e, www.museedelhomme.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : L’homme, de la bête au cyborg

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