PARIS - Il y a peu, l’art contemporain tendait à la rigueur implacable : les espaces étaient immaculés, les œuvres pures et astringentes.
Bonne fille de l’époque, la mode, qui réclame seulement la consultation assidue des sondes sociologiques offertes par les magazines, se devait de prendre le contre-pied d’une telle tendance aseptique. Les New-Yorkais, qui toujours ouvrent le bal les premiers, ont investi depuis quelques années déjà dans le junk et le trash art. Si la mode naît et meurt outre-Atlantique, c’est sans doute parce que le ressort du puritanisme, qui préside indifféremment aux destinées de la propreté et de la saleté, du pur et de l’impur, y est plus développé qu’ailleurs.
Il fallait en France toute l’expérience d’un professeur à l’École des Beaux-arts de Grenoble pour acclimater ici des débordements assez excessifs pour qu’on puisse en faire un beau et grand spectacle qui ne désespère pas les boulevards. Près d’une trentaine d’artistes redécouvrent ainsi le travail du corps : l’animalité, la prostitution, l’onanisme, l’urolagnie, parmi d’autres bonheurs, stimulent leurs appétits et leur faculté de création. Mais n’oublions jamais qu’ils souffrent dans leur chair, que cette souffrance se voit mieux dans un grand miroir, et que ces prurits sont, en réalité, le prélude à un élan romantique. Comment leur en vouloir ? Les back-rooms de l’institution leur sont grand ouverts : il faut qu’ils en profitent au mieux.
"L’Hiver de l’amour" a été présenté au Musée d’art moderne de la Ville de Paris au mois de mars. Un catalogue intitulé l’Hiver de l’amour bis a été publié par les Amis du musée.
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L’hiver de l’amour et de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°2 du 1 avril 1994, avec le titre suivant : L’hiver de l’amour et de l’art