L’histoire de l’art en résumé

Naples offre une double rétrospective à l’éclectique Luca Giordano

Le Journal des Arts

Le 2 mars 2001 - 453 mots

Connu pour son extraordinaire rapidité d’exécution et sa facilité, Luca Giordano (1634-1705) fut surnommé, non sans condescendance, Luca « fa presto ». En une vaste rétrospective, Naples, sa ville natale, retrace son parcours glorieux qui le mène, pour faire simple, du naturalisme de Ribera au pré-rococo, en passant par le baroque romain et le colorisme vénitien.

NAPLES (de notre correspondant) - Aucun artiste, aucune œuvre ne semblent avoir été étrangers à Luca Giordano, qui, tout au long de son existence, a multiplié les expériences, varié les emprunts, recherché une impossible synthèse d’un siècle de peinture, de Véronèse à Cortone, en passant par Rubens, Ribera ou Preti. Au risque parfois d’un éclectisme déplacé. Au cours d’une carrière longue de cinquante ans, qui le mène de Naples à Madrid, de Rome à Venise, il a réalisé, aidé par un atelier actif, plusieurs milliers de peintures, à l’huile ou à fresque, religieuses ou profanes. Les cent vingt tableaux accompagnés de soixante dessins, présentés dans les deux expositions napolitaines ne constituent donc qu’un petit échantillon d’une œuvre prolifique, toujours surprenante. Comme s’il n’était pas possible d’embrasser en un seul lieu l’œuvre d’un artiste aussi protéiforme, la rétrospective se partage en deux lieux, les salles monumentales du Castel Sant’Elmo et le Musée de Capodimonte. Y figurent notamment de nombreux tableaux d’autel, provenant des églises napolitaines, où il a beaucoup peint, et de divers musées.

Formé dans la sphère de Ribera (Isaac bénissant Jacob), Giordano se met vite en quête de nouvelles expériences et part en 1652 pour Rome, puis Venise. Il devait retrouver, à plusieurs reprises, ces deux villes, où il laisse quelques œuvres maîtresses, comme les deux retables dans l’église de la Salute ; mais c’est à Florence, où il peut méditer l’exemple de Pierre de Cortone au palais Pitti, qu’il signe son chef-d’œuvre : la galerie du palais Medici Riccardi (1682-1685). Sur un programme allégorique complexe évoquant L’Apothéose de la vie humaine et La Vie de la pensée, il brosse, en une composition unitaire, une fresque lumineuse d’une rare légèreté de facture et de composition. L’Espagne de Charles II réclame également ses pinceaux ; il y restera dix ans, de 1692 à 1702. Toujours prompt à se nourrir de ses découvertes, il se trouve des affinités naturelles avec la touche virtuose et le coloris chatoyant de Vélasquez.

Dans la seconde moitié du Seicento, il domine la scène napolitaine, s’attirant de prestigieuses commandes. À la fin de sa vie, en 1704, il offre avec les Histoires de Judith peintes pour la chapelle du Trésor, à la chartreuse de San Martino, un avant-goût de l’esprit rococo. Après avoir couru pendant toute sa carrière après les exemples brillants de ses aînés ou de ses contemporains, il prenait enfin l’avantage.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°122 du 2 mars 2001, avec le titre suivant : L’histoire de l’art en résumé

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