Europe

À l’heure carolingienne

Par Suzanne Lemardelé · Le Journal des Arts

Le 2 septembre 2014 - 397 mots

L’abbaye de Saint-Riquier commémore l’anniversaire de la mort de Charlemagne avec une exposition trop ambitieuse pour ses moyens.

SAINT-RIQUIER (SOMME) À la fin du VIIIe siècle, l’abbaye de Saint-Riquier était un haut lieu de l’empire carolingien, un monastère à la pointe de l’innovation architecturale, doté d’un scriptorium de renom. De cette période faste ne subsistent que des traces archéologiques et sur les fondations du haut Moyen Âge s’élève à présent une belle abbatiale gothique. Fraîchement labellisée « Centre culturel de rencontre » (label attribué à des monuments historiques ayant perdu leur vocation première et accueillant des activités culturelles et scientifiques autour d’un thème choisi), l’abbaye rend hommage à son prestigieux passé en célébrant le 1200e anniversaire de la mort de Charlemagne par une exposition. Intitulée « L’Europe avant l’Europe », cette dernière se veut « une immersion dans le monde carolingien », selon les mots de la commissaire Ariane Kveld Jaks. Le visiteur évolue donc dans un joli parcours où se succèdent diverses ambiances sonores, le tout ponctué de dispositifs numériques dont certains se révèlent utiles et bien conçus (une carte animée illustre l’expansion de l’empire) et d’autres beaucoup plus anecdotiques.

Quelques œuvres majeures de la période sont présentées, dont de riches manuscrits. La bibliothèque d’Abbeville a en effet prêté les Évangiles de Saint-Riquier, somptueux ouvrage pourpré du VIIIe siècle qui réintègre ainsi temporairement son lieu de création. Autres incontournables, l’Évangéliaire de Saint-Vaast (IXe., bibliothèque d’Arras) et un exemplaire des Louanges de la Sainte-Croix de Raban Maur (IXe, bibliothèque d’Amiens) sont également visibles. Plusieurs objets archéologiques intéressants et surtout deux tissus précieux complètent l’inventaire : le suaire de saint Calais (IXe, Musée de Saint-Calais) et la soierie dite « aux amazones » (VIIIe Musée Bossuet, Meaux). L’ambition du thème se révèle hélas bien grande pour la petite structure et les quelques mois de préparation. Voulant tout traiter, des champs de bataille de Charlemagne au travail de l’historien, l’exposition reste superficielle. En fait d’immersion, le propos est dilué dans un survol très général de l’histoire carolingienne et les quelques chefs-d’œuvre sont littéralement noyés sous les fac-similés (dont les cartels ne mentionnent d’ailleurs pas toujours la nature). Imparfait, le parcours est néanmoins pédagogique et satisfera sans doute plus les scolaires et le public curieux d’une initiation historique que les amateurs d’art.

Carolingiens

Commissariat : Ariane Kveld Jaks, historienne de l’art, avec le concours de Marie-Pascale Prevost Bault, conservatrice en chef

L’europe avant l’europe. Les carolingiens

Jusqu’au 29 septembre. Centre culturel de rencontre, abbaye royale de Saint-Riquier, place de l’église, 80135 Saint-Riquier. Tel. 03 22 99 96 25, www.ccr-abbaye-saint-riquier.fr, tous les jours, 10h-19h, catalogue trilingue (français, allemand, anglais), 112 pages, 20 €.

Légende Photo :
Saint Matthieu (détail), Évangiles de Saint-Riquier, VIIIe siècle, Bibliothèque municipale d'Abbeville. © Photo D.R.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°418 du 5 septembre 2014, avec le titre suivant : À l’heure carolingienne

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