Art contemporain

Auberive (52)

L’excès de facilités du sculpteur Marc Petit

Abbaye d’Auberive - Jusqu’au 26 septembre 2021

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 24 août 2021 - 347 mots

Certains ont tant de talent qu’ils finiraient presque par en devenir agaçants. Petit est de ceux-là.

Né en 1961 dans le Lot, Marc Petit est un sculpteur – et dessinateur – remarquable. Formé à la taille et au modelage par René Fournier et Jean Lorquin, l’artiste possède une aisance rare quand il s’agit de donner forme à la figure et au drame humains. Il excelle dans l’art d’insuffler le poids de la vie à ses personnages, de leur faire supporter la faute et son inéluctable chute. Même quand ils tentent de s’élever, les corps sculptés de Marc Petit sont irrémédiablement rappelés à la loi de la gravité : tout, des têtes aux ventres, tombe superbement. Comme chez Rodin et chez Richier, Petit ne fait pas de « cadeau » à ses œuvres. Du premier, il conserve la trace du modelage et reprend l’art de l’assemblage ; de la seconde, il fait sien le mariage de l’homme et de l’animal – comment ne pas penser à La Mante devant une figure assise de Petit ? Pour l’exposition des dix dernières années de son travail à l’abbaye d’Auberive, prolongement de la rétrospective qui se déroula ici même en 2011, l’artiste a notamment créé une série de treize gargouilles. Certaines sont proprement admirables, comme celle retenant – ou poussant – le corps d’un enfant ou cette autre portant la couronne d’épine. Elles le sont d’autant plus que, grâce à son sujet, le sculpteur parvient à se défaire enfin du socle, quand il a tant de mal d’habitude à s’en dépêtrer – n’est pas Rodin qui veut… Malheureusement, Petit n’a pas fait que regarder Rodin et Richier, il se regarde aussi lui-même. Ainsi a-t-il mis en place une série de formules qu’il décline à l’infini, comme ces têtes ovoïdes plantées au bout d’un cou cassé, quand le simple moulage d’une écorce d’arbre suffirait à évoquer un corps et à faire œuvre. C’est sans doute le problème de Marc Petit : celui-ci a tant de facilités qu’il s’y laisse aller. Marc Petit fait du Marc Petit, quand on rêverait qu’il fasse de la sculpture.

« Marc Petit. Une décennie »,
Centre d’art d’Auberive, abbaye d’Auberive, 1, place de l’Abbaye, Auberive (52), www.abbaye-auberive.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°746 du 1 septembre 2021, avec le titre suivant : L’excès de facilités du sculpteur Marc Petit

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