Le Cannet (06)

L’estampe dans ses plus beaux Nabis

Musée Bonnard - Jusqu'au 28 avril 2013

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 20 février 2013 - 380 mots

L’exposition du Musée Bonnard provient d’une collection privée constituée d’œuvres graphiques d’artistes nabis et symbolistes. Odilon Redon et Maurice Denis, accompagnés d’artistes qui les ont influencés, ouvrent le banc de cette présentation.

Après être tombé en désuétude pour cause de reproduction quasi industrielle, l’art de l’estampe est à nouveau en plein essor à la fin du XIXesiècle et voit sa reconnaissance comme œuvre d’art à part entière. La poésie des symbolistes et la magie des Nabis vont exalter son renouveau grâce à des apports créatifs d’une grande originalité.

Par sa singularité, son « obscure clarté », l’œuvre gravée d’Odilon Redon tient une place à part à l’époque. C’est le graveur Rodolphe Bresdin qui, dès 1863, apprend à l’artiste à entrer dans le monde des « noirs ». Redon privilégie la lithographie et surtout le fusain, « cette matière grave » qui l’exprime mieux et donne corps à ses visions oniriques les plus troublantes. En 1879, il publie son premier album lithographique intitulé Dans le rêve, à travers lequel il explore les arcanes du subconscient et en 1881 son deuxième, La Nuit. Les portraits constituent un autre élément essentiel de son œuvre, dont Les Yeux clos de 1890, icône du symbolisme, représente l’archétype. Avec le pastel qu’il découvre vers 1900, Redon se trace un chemin vers la couleur époustouflante – La Liseuse –, vers la lumière pure.

À l’instar de Redon, Maurice Denis intègre à son travail la dimension du rêve, de la spiritualité et du sacré. Bien qu’il pratique la peinture en parallèle, l’estampe représente une activité centrale sur l’ensemble de son œuvre. On retrouve dans les œuvres de Maurice Denis un calme, un recueillement, une atmosphère de rêve qui fait écho à l’œuvre de Puvis de Chavanne, avec ces mêmes arabesques poétiques propres au vocabulaire symboliste. Entre 1892 et 1899, il réalise la série Amour – exposée dans son intégralité –, l’un des recueils les plus fameux de l’époque symboliste, dans lequel son épouse Marthe, modèle inépuisable, est la figure centrale. Constitué de douze planches et d’une couverture éditées par Vollard en 1899, l’ouvrage sera à la fois l’aboutissement et le point d’orgue dans sa pratique de l’estampe.

« L’œil d’un collectionneur. Redon et Denis – Rêve, Amour, Sacré »,
Musée Bonnard, 16, bd Sadi-Carnot, Le Cannet (06), www.museebonnard.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°655 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : L’estampe dans ses plus beaux Nabis

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