Les traits d’union de Romain Bernini

Investissant à la fois le musée et l’abbaye royale, l’artiste déploie sa proposition artistique autour du terme « zeugma » : une figure de style qui consiste à associer deux éléments différents. Romain Bernini joue avec le visiteur, en imaginant des allers-retours entre l’architecture de l’abbaye et les collections du musée faisant naître des associations inattendues. Pour rendre poreux ces espaces, il réalise des empreintes du pavement afin d’en exposer ses motifs au musée quand, à l’inverse, des petites statuettes du musée se retrouvent dans l’abbaye, figées par le peintre dans ses toiles colorées. D’autres curiosités attendent le visiteur. Des yeux le regardent : grive, mésange, chien, parfois cachés dans cet accrochage atypique (un œil de caméléon s’est malicieusement glissé dans les verreries de Maurice Marinot). La faune, mais aussi la flore, dans un triptyque intitulé Them, où des arbres flamboyants côtoient les sculptures de Germaine Richier. Le jeu se poursuit dans les formats, passant de petites toiles de 20 cm à une imposante peinture de 14 mètres de haut. Ces liaisons viennent par touche pour porter un regard nouveau sur un site patrimonial déjà chargé. Une cohabitation subtile où l’accrochage apporte de la fraîcheur et fait naître une agréable sensation de surprise. Le visiteur pourra à sa guise commencer par le musée ou par l’abbaye, l’un appelant l’autre.