Curieux de toutes les manifestations du merveilleux et de l’irrationnel, les surréalistes ont cherché à explorer deux domaines encore très mystérieux vers 1920 : l’inconscient (révélé par la psychanalyse) et les arts des « primitifs » d’Océanie et des Amériques. Ils ne pouvaient rester insensibles aux multiples questions posées par des figurines qui commençaient à circuler dans le marché de l’art. Elles étaient créées par les Indiens Hopi et Zuni vivant à l’extrême sud-ouest des Etats-Unis. Parqués dans des réserves, ces Indiens avaient malgré tout conservé leurs cultes secrets célébrés dans des pièces souterraines. Leurs divinités, esprits mi-hommes mi-dieux, étaient des intermédiaires entre le cosmos et les hommes, bienveillants ou nuisibles selon les cas. Ils apparaissaient au cours de fêtes, sous l’aspect de danseurs masqués, les Kachina. Chacun avait un masque et un costume particulier décoré de symboles. Pour les enfants Hopi et Zuni, il n’était pas facile d’identifier et de mémoriser ces très nombreux esprits. On leur offrait donc des figurines, copies du danseur masqué, qui étaient suspendues aux murs des maisons pour protéger la famille. Celles-ci ne sont donc pas des « poupées », des jouets, mais des objets religieux. Intervenant dans des cultes agraires, prières pour la pluie dans ce pays très sec, les Kachina, par leurs couleurs étendues en pointillés ou en larges bandes, évoquent « la nature, les nuages, les épis et la pluie descendant dans la vallée », selon André Breton. Comme lui, beaucoup de surréalistes, Max Ernst, Joan Miró, Roberto Matta et d’autres ont été séduits par la fantaisie, la gaieté, l’humour, la richesse joyeuse et l’extrême inventivité des Kachina.
PARIS, Pavillon des Arts, 22 juillet-25 octobre, cat. 195 F.
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Les surréalistes fascinés par les Kachina
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°498 du 1 juillet 1998, avec le titre suivant : Les surréalistes fascinés par les Kachina