Louvre

Les puzzles de Valadier

Hommage à l’un des plus grands orfèvres italiens

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 376 mots

Trois départements du Musée du Louvre – Antiquités grecques, étrusques et romaines, Objets d’art et Sculptures – s’associent pour présenter une dizaine de pièces hors du commun, nées de l’imagination d’un orfèvre, bronzier et dessinateur romain d’origine française : Luigi Valadier (1726-1785).

PARIS - Fort apprécié en son temps et considéré comme l’un des meilleurs orfèvres italiens de son siècle, Valadier a travaillé pour de grandes familles romaines, notamment les Borghese, les Chigi et les Braschi. à la tête d’un atelier fort de deux cents ouvriers, il a bien sûr réalisé des objets d’orfèvrerie à proprement parler : services de table, calices, ornements. Mais l’aspect le plus surprenant de son art réside dans l’amalgame savant du passé et du présent, étonnantes combinaisons d’antiques – camées, médailles, statues... – et de montures en bronze de sa composition.

Les hasards de l’histoire ont fait échouer quelques-unes de ces pièces en France. à la suite du traité de Tolentino, en 1797, certains chefs-d’œuvre romains furent concédés aux Français victorieux et arrivèrent au palais du Louvre, qui n’était encore que le Muséum des arts. Ils y sont demeurés depuis 1815, avec l’assentiment du Saint-Siège.

Le goût et les conceptions muséographiques évoluant, les combinaisons de Valadier, révélatrices des valeurs de l’époque néo-classique, ont été démontées, vraisemblablement à la fin du XIXe siècle, puis disséminées à travers le musée. Antiques, montures et sculptures trouvèrent chacun leur place en des lieux différents. L’une des œuvres composites les plus célèbres du Louvre, le camée d’Auguste, a pour l’occasion été remontée et restaurée.

Autre ensemble inattendu, le surtout Braschi – véritable petit musée archéologique ayant fonction d’élément de table décoratif – sera, lui, présenté... en plus de soixante-dix pièces détachées. En effet, en dépit des recherches, on en ignore toujours l’aspect originel et certains éléments manquants – comme les architectures – n’ont pu être restitués.

"Hommage aux restaurateurs et à Valadier", selon Daniel Alcouffe, commissaire de l’exposition, cette manifestation doit aussi beaucoup à Alvar Gonzalès-Palacios, grand spécialiste de l’orfèvrerie italienne. Elle aura également le mérite de mettre en lumière des objets étonnants auquel notre goût, très français, de la mesure n’est certes pas habitué.

"Valadier au Louvre", Musée du Louvre, aile Richelieu. Catalogue collectif, éditions de la Réunion des musées nationaux, 192 p., 160 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Les puzzles de Valadier

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