Les paysages sonores de Céleste

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juin 2006 - 358 mots

Céleste Boursier-Mougenot est une exception culturelle. La galerie qui le représente est américaine et puissante (Paula Cooper), alors que l’artiste est revenu vivre en France après une échappée américaine concrétisée par plusieurs expositions.
Rare sur notre continent, il se voit d’ailleurs offrir l’une de ses toutes premières monographies en France, au Frac Champagne-Ardenne dont la collection s’attache à souligner la place du son dans l’art contemporain actuel. Et cela tombe bien, Céleste Boursier-Mougenot était musicien avant de faire basculer dans la création plastique ses réflexions sonores et musicales.
On connaissait de lui From Here to Ear (1995-2002) gigantesque volière à oiseaux où ceux-ci, guidés par des mangeoires sensibles et déambulant dans un labyrinthe de cintres métalliques, jouaient en direct une partition aléatoire devant un public émerveillé.
Peut-être avez-vous vu ces piscines gonflables bleues un peu anachroniques où flottaient à la surface des bols et écuelles de porcelaines et faïences communes ? Les tintements orchestrés par l’artiste déclenchent une poésie ravageuse où le monde des objets acquiert un potentiel insoupçonné. Ces dernières, entrées dans la collection, sont exposées à Reims au Cryptoportique, ancien marché gallo-romain de la ville tandis que le Frac accueille les toutes dernières créations de l’artiste. Ici, un ballon flottant dans l’espace emmène un micro à la rencontre de haut-parleurs pour mieux tirer parti du larsen. Car Boursier-Mougenot ne se satisfait jamais des sons des choses, ils sont pour lui des notes avec lesquelles composer un univers plastique poétique si particulier.
Des formes sonores vivantes, voilà sa matière première qu’il extirpe d’objets quotidiens : vaisselle, images filmées ou de textes tapés dans les bureaux attenants à la salle d’exposition. À partir d’un système complexe de lecture, d’encodage et de conversion en notes, un piano jouera une partition écrite en temps réel par le flux des notices, courriels et autres missives écrites quotidiennement par l’équipe de l’institution.
Comme à son habitude, l’artiste joue avec l’aléatoire qu’il paramètre pour mieux transporter le visiteur dans un univers où les images et les objets s’écoutent.

« États seconds au Collège », Frac Champagne-Ardenne, 1, place Museux, Reims (51), tél. 03 26 05 78 32, du 2 juin au 15 octobre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : Les paysages sonores de Céleste

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