Art contemporain

Le Havre (76)

Les paysages intranquilles de Manuela Marques

MuMa - Jusqu’au 8 mai 2022

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 28 mars 2022 - 363 mots

En 2018, Manuela Marques se rendait pour la première fois sur l’île de São Miguel, aux Açores, à l’invitation de la Galerie Fonseca Macedo.

Carte blanche lui était donnée pour réaliser le travail qu’elle souhaitait. Lectures et rencontres participèrent à la préparation du séjour. Une fois sur place, elles s’avérèrent bien loin de rendre compte de « l’intensité incroyable des éléments de ce bout de terre volcanique, perdu au large de l’océan », dit-elle. Manuela Marques découvrait « un monde instable » somptueux, puissant et contrasté, où « les variations continuelles de lumière jouent avec la vision et créent une sorte d’incertitude sur ce que l’on est en train de regarder ». De cette appréhension sont nées au fil des séjours des séries de photographies et des vidéos troublantes et captivantes par leur capacité justement à jouer à leur tour sur le registre de l’illusion optique, et plus largement à convoquer à la fois le sublime et le tragique que peut incarner la forme sculpturale d’une bombe volcanique (fragment de lave projeté) ou des bandes d’enregistrements des séismes historiques de l’île qui, regroupées et photographiées, flirtent avec l’abstraction picturale. Dès le début du parcours, Manuela Marques embarque le visiteur dans une interprétation des paysages volcaniques des Açores qui n’appartient qu’à elle, avec une cohérence dans l’articulation des images entre elles qui participe au plaisir de la lecture. D’une série à une autre, les genres picturaux diffèrent, des états de la nature se distillent sans jamais avoir recours à une quelconque manipulation de l’image après la prise de vue, mais uniquement par le seul effet de la lumière à un instant précis de la journée sur l’objet ou le paysage photographié. De la surface d’un lac formé dans le creux d’un volcan naît ainsi un reflet particulier des arbres alentour et un vert puissant qui font basculer la vision dans une fantasmagorie sublime, hommage revendiqué à Caspar David Friedrich. La manière dont l’art existe dans la nature sans l’intervention de l’homme constitue l’un des fils directeurs de l’exposition, qui trouve également son pendant au Domaine de Kerguehennec à Bignan, mais avec d’autres photographies et vidéos tout aussi envoûtantes par leur capacité à évoquer les beautés et les menaces d’un paysage.

« Répliques. Manuela Marques »,
MuMa, Musée d’art moderne André Malraux, 2, boulevard Clemenceau, Le Havre (76), www.muma-lehavre.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Les paysages intranquilles de Manuela Marques

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