Les Nabis à l’épreuve de l’estampe

Entre 1890 et 1900, les Nabis, disciples autoproclamés de Paul Gauguin (1848-1903), renouvellent la production picturale de leur temps en prônant un usage libéré de la couleur et un motif réduit à l’essentiel. Souvent reléguées au second plan, leurs œuvres imprimées sont pourtant tout aussi novatrices. Sous leur impulsion, l’estampe connaît son âge d’or. Prisées par la petite bourgeoisie, les lithographies en couleurs et gravures sur bois fleurissent, dans une esthétique qui n’est pas sans rappeler celle des maîtres japonais. Sur le site Richelieu de la BNF, de superbes gravures au noir profond de Félix Vallotton (1865-1925) côtoient les intérieurs colorés d’Édouard Vuillard (1868-1940), les figures évanescentes de Maurice Denis (1870-1943), les estampes épurées de Pierre Bonnard (1867-1947)… Pour ces jeunes artistes en quête de renouveau esthétique, l’estampe représente un champ d’expérimentation sans pareil, en témoignent les épreuves d’essais et les dessins préparatoires présentés en parallèle. Sous l’égide de marchands influents comme Ambroise Vollard, ils déploient leur inventivité tant dans les sujets que dans les angles de vue et gammes chromatiques choisis. Les Nabis multiplient également les supports imprimés, guidés par une volonté d’intégrer l’art à la vie quotidienne : livres, revues, affiches, mais aussi programmes de théâtre, cartes de visite, faire-part… Des créations qui investissent même les intérieurs privés qu’ils se plaisent tant à dessiner, du paravent au papier peint bariolé.