Art contemporain

Saint-Étienne (42)

Les mots de tête d’Alexandre Léger

Musée d’art moderne et contemporain - Jusqu’au 17 mai 2020

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 26 février 2020 - 389 mots

L’apparence obsessionnelle de certains dessins pourrait faire penser à de l’Art brut, pourtant : « J’ai bien quelques rituels, comme repasser au crayon chaque trait de mes dessins, mais c’est tout… », s’excuse l’artiste.

À de l’art populaire, alors ? « Enfant, je dessinais les superhéros des comics américains, mais ma grand-mère, fresquiste, s’arrangeait toujours pour glisser un livre sur Piero Della Francesca entre mes BD… » À de l’art donc ? « Vous savez, je ne sais pas toujours moi-même ce que cela signifie, l’art, alors… », poursuit Alexandre Léger. Et, en effet, les gommes qu’il sculpte et dessine pour évoquer un livre de Topor ou une pochette d’album de Billie Holiday sont-elles, ou non, des œuvres d’art ? En tout cas, elles font partie de la sphère du dessin contemporain, comme toute la production de l’artiste d’ailleurs. Cette dernière prend appui sur sa vie, son histoire et ses passions : la littérature, le jazz, le skate… Les dessins d’écorchés ? Alexandre Léger a d’abord choisi la voie de la médecine – son père est chirurgien – avant de bifurquer vers les Beaux-Arts de Paris. Les lunettes ? Ce sont celles que le dessinateur chausse pour tenter de calmer ses interminables céphalées. Même le chien dessiné en pleine course – témoignant, au passage, de la virtuosité du dessinateur – est l’animal qui lui tient compagnie. Mais peu importe, ce qui intéresse Léger étant moins d’évoquer son intimité que d’effleurer l’universel. Il n’est pas important de savoir que Germaine D’Andreis, cette jeune enfant qui apparaît sur les faire-part de décès détournés par l’artiste, fut la jeune sœur de sa grand-mère puisqu’elle est un ange. « J’ai laissé Le bonheur, La terre, Laissez-moi », nous exhorte ce dernier. « Bien mal fait », assène ailleurs l’artiste dans une référence à peine déguisée à Robert Filliou (Bien fait, mal fait, pas fait). Car si Alexandre Léger puise sa sève dans les dessins de Victor Hugo et d’Alfred Kubin, il abreuve son esprit aux seins de Fluxus et de l’Oulipo – et pourquoi pas apparaître dans La Vie mode d’emploi, le roman de Perec… À défaut, l’artiste expose au MAMC de Saint-Étienne, où le Club des partenaires du musée lui a décerné son prix, à savoir l’acquisition d’œuvres pour le musée, la production d’un catalogue et d’une exposition qui se termine le 17 mai car, « hélas, rien ne dure jamais pour toujours ».

« Alexandre Léger. Hélas, rien ne dure jamais pour toujours »,
Musée d’art moderne et contemporain Saint-Étienne Métropole, rue Fernand-Léger, Saint-Étienne (42), mamc.saint-etienne.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Les mots de tête d’Alexandre Léger

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