Art Contemporain - Autoportraits et portraits, vanités et fleurs, carcasses et tours… L’œuvre de Philippe Cognée (né en 1957) compose un véritable inventaire à la Prévert.
Cependant, le thème qui l’a fait connaître – au point de devenir sa « signature » – est sans doute celui du paysage urbain, en particulier les tours de banlieue. Il s’agit aussi d’une démarche technique singulière : à partir de clichés qu’il prend lui-même, Cognée recourt à l’encaustique, une technique picturale mêlant pigments colorés et cire d’abeille. Déposée sur un support, cette matière, recouverte d’un film de Rhodoïd, est chauffée puis écrasée à l’aide d’un fer à repasser. Une fois la couche plastique retirée, apparaît le grain si particulier qui caractérise la peinture de l’artiste. À l’opposé de la puissance architecturale de ces tours, les images en décomposition, rassemblées ici sous le beau titre « Structures éprouvées », dégagent une extrême fragilité. Busan, composition verticale (2015) en est un exemple éloquent. Pour le peintre, ces constructions sont sans doute peu différentes des « Châteaux de sable », une série réalisée en 2012. Dans la suite du parcours, c’est une autre vision de la ville, plus distanciée, qui se déploie. Cognée exploite les cartes captées par Google Earth, ces cubes anonymes et aplatis qui se transforment en un alphabet étrange et incompréhensible (Google, 2007). Dans cet univers urbain, les êtres humains sont absents, remplacés par des objets du quotidien : un lit défait, une table en fin de repas… Une exception toutefois : la famille de l’artiste en vacances au bord de la mer – un lieu commun traité avec une pointe d’ironie. Quant à la nature – des branches enchevêtrées dans la savane ou des forêts touffues –, elle demeure difficilement accessible. Les fleurs immenses, presque menaçantes, n’apparaissent guère plus accueillantes. Même le magnifique triptyque Champ de coquelicots (2022), où des taches rouge sang sont dispersées sur toute la surface, semble bien éloigné du même thème traité par Claude Monet.
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Les mondes flottants de Philippe Cognée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : Les mondes flottants de Philippe Cognée





