Les « moi » de l’intime

Une trentaine d’artistes au VIIIe Printemps de Cahors

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 22 mai 1998 - 560 mots

Une trentaine d’artistes participent à la VIIIe édition du Printemps de Cahors, qui a pour thème « La Sphère de l’intime ». La manifestation, qui « dès son origine a choisi de ne pas séparer la photographie des autres arts », comme le rappelle sa présidente Marie-Thérèse Perrin, associe donc une nouvelle fois photographes, vidéastes et plasticiens.

CAHORS - L’intime a toujours été une préoccupation des artistes, et peut-être encore plus aujourd’hui dans une société marquée par un repli sur soi. Comme le reconnaît d’emblée Jérôme Sans, commissaire des expositions, c’est “un sujet difficilement cernable, à la fois vaste et flou, mais pourtant central”. Il a choisi de se limiter “aux artistes qui travaillent sur eux-mêmes ou impliquent leur entourage direct (famille, amis…)”. De Nobuyoshi Araki – décidément abonné à tous les festivals français, depuis quelques années – à Gillian Wearing, une trentaine d’artistes ont été retenus. Le premier couvre une salle entière de photocopies laser issues de la série Sexual desire ; la seconde présente une vidéo récente, 2 into 1.

Dans la catégorie “travail sur soi”, citons Sadie Benning, qui se filme depuis l’âge de dix-sept ans et a construit un journal filmé ; elle montre une vidéo, A place called lovely. Rebecca Bournigault se consacre à des autoportraits photographiques réalisés à l’aide d’un appareil digital. Sophie Calle, qui aime bâtir des histoires à partir de ses propres expériences ou de ses fantasmes, expose des œuvres inédites de sa série L’hôtel. Serge Comte réalise des clones – mixages de son visage avec celui d’autres personnages – qu’il imprime sur des Post-it. Peter Land veut cerner son identité d’artiste à travers des situations tragi-comiques ; l’installation Step Ladder Blues le campe en train de repeindre sa salle à manger et de tomber sans cesse de son échelle !

Huis clos familial
Joël Bartolomeo, lui, s’est centré sur le microcosme familial en enregistrant avec un camescope des Scènes de la vie ordinaire (La tarte au citron, Papa gros con…). De même, Richard Billingham nourrit son travail du huis clos familial : un père chômeur et alcoolique, une mère obèse. Annelies Strba photographie méthodiquement son environnement quotidien depuis plus de trente-cinq ans : elle présente sur trois écrans un slide-show, sur fond de musique techno. Sourd depuis l’âge de onze ans, Joseph Grigely photographie ou filme ceux qui entrent en communication avec lui à l’aide de mots tracés sur une feuille de papier.

Wim Wenders sera cette année l’invité d’honneur du festival et exposera au Musée Henri-Martin des images extraites de l’ouvrage Une Fois (L’Arche, éditeur). La Galerie du Jour et Actes Sud seront la galerie et l’éditeur invités. Un colloque sur “l’esthétique du je”, où interviendront artistes et spécialistes, aura lieu le 30 mai. Enfin, Cahors vivra au rythme des “Nuits blanches” (29, 30 et 31 mai, 5 et 6 juin) : parcours lumineux dans le dédale des rues, ponctués par des “passages” conçus par l’architecte-designer Sylvain Dubuisson, projections, soirées-nomades (danseurs, musiciens, DJs…). De quoi profiter du “grand Mix artistique de cette fin de siècle…”

Le Printemps de Cahors dispose d’un budget de 5,1 millions de francs, financés à plus de 75 % par le mécénat (Fondation Cartier pour l’art contemporain, Fondation Électricité de France, CCF...).

PRINTEMPS DE CAHORS. LA SPHÈRE DE L’INTIME, 29 mai-14 juin. Renseignements au 05 65 53 94 75. Catalogue 85 p., 120 F., éd. Actes Sud.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°61 du 22 mai 1998, avec le titre suivant : Les « moi » de l’intime

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