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Les massacres de Paul Rebeyrolle

L'ŒIL

Le 1 avril 2000 - 258 mots

Montrer d’un doigt dénonciateur l’aveuglement des hommes, voilà ce que peint avec acharnement depuis de nombreuses années Paul Rebeyrolle. Un monde à la limite de l’éclatement où « l’homme n’est qu’un loup pour l’homme ». Jusqu’à la dislocation. Un monde en deux parties, bien nettes, où les riches, le cigare à la bouche, dégueulent leurs repas trop pleins sur des pauvres dont les corps, réduits à l’état de spectre, semblent sortir tout fumants, le visage rongé par l’acide, du cadavre encore calciné d’une voiture accidentée. Disloqué, le pauvre jaillit de ce monde convulsif en hurlant, alors que le riche s’exclame dans un grand rire : « Après la mort de la classe ouvrière et la fin des syndicats voici venir le temps des soldes : celui de la précarité, du Dow Jones et des 35 heures ! Hum... quel bonheur ! Quel programme ! Et que de massacres en perspective ! » À faire froid dans le dos. Peintre du refus et de l’indignation, Rebeyrolle, 74 ans, fustige tous les faux-semblants, toutes les fausses réalités. Tous ces faux grands hommes politiques qui prétendent nous gouverner. Son grand thème est celui de la défense des opprimés. Dans la démesure, à la limite de la nausée. Pour mieux montrer son refus et son indignation. Des toiles pleines de colères, impitoyables, aux matières incandescentes, bouillonnantes de la force de l’instinct, qui semblent hurler à la mort dans le vide alors qu’elles ne sont que le reflet de la réalité qu’il a toujours combattue.

SAINT-PAUL DE VENCE, Fondation Maeght, 15 avril-25 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°515 du 1 avril 2000, avec le titre suivant : Les massacres de Paul Rebeyrolle

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