Les libéralités pékinoises

Les Jeux olympiques au secours de la peinture chinoise

Le Journal des Arts

Le 14 septembre 2001 - 437 mots

Une exposition itinérante d’art contemporain chinois semble encore une fois avoir été instrumentalisée par le régime. Alors que la candidature de Pékin pour les Jeux olympiques de 2008 était en jeu, la Galerie nationale d’art de la ville a accueilli une rétrospective retraçant, selon ses organisateurs, vingt ans de création contemporaine. Après Shanghai, l’exposition est aujourd’hui présentée à Canton.

PEKIN - Dans l’espace le plus prestigieux de Chine – la Galerie nationale d’art de Pékin –, l’exposition “1981-2001 : Vers une nouvelle image. Vingt ans de peinture contemporaine chinoise” a réuni, pendant quatre jours au mois de mai, les artistes chinois les plus connus sur la scène internationale. Après ce bref passage incognito dans la capitale, les médias ayant totalement ignoré la manifestation, la rétrospective a été présentée tour à tour dans les musées de Shanghai et Chengdu, avant son étape à Guangzhou (Canton) qui ouvre le 28 septembre prochain. Optimiste, son titre promet vingt ans de création chinoise ; or, seules deux œuvres dues à Wang Guangyi sont antérieures aux années 1990 : Théorie noire – A (1987) et Chef-d’œuvre couvert de peinture industrielle (1989).

Cet événement dont on pourrait croire, à juste titre, qu’il ne sert pas le régime, avait été programmé à la veille de la sélection de Pékin comme ville olympique pour 2008. Ses sponsors ne sont d’ailleurs autres que China Olympic Industry Co. Ltd, Beijing Olympic Garden et Guangzhou Olympic Garden ! Aux créateurs d’avant-garde qu’avait choisis Weng Ling – la commissaire de l’exposition et promotrice de l’événement –, se sont ajoutés des artistes plus proches du régime, souvent directeurs ou présidents d’une myriade d’instituts et de comités. Et pourtant, l’exposition – considérée comme un manifeste d’ouverture culturelle –, n’a pas manqué de subir la censure du parti. Figurant sur le catalogue, Scénario 3 de Liu Wei – connu par ailleurs, pour ses images violentes d’animaux dépecés – n’était pas accroché, même si de nombreuses œuvres font référence de façon plus explicite à la société chinoise. Sous un voile nébuleux, Zhang Xiaogang dresse le portrait de la Grande famille chinoise contemporaine tandis que Yan Peming en appelle à la mémoire collective dans le portrait de Juliette C., victime. Également sujettes aux pressions gouvernementales, les avant-gardes chinoises ont toutefois, à l’occasion de cette exposition, l’opportunité d’exprimer le malaise d’un pays en cours de mutation, cherchant à concilier ouverture vers le monde extérieur et valeurs fragilisées.

- VERS UNE NOUVELLE IMAGE, VINGT ANS DE PEINTURE CONTEMPORAINE CHINOISE, à partir du 28 septembre, Guangdong Art Museum, 38 Yan Yu Lu, Ersha Island, Guangzhou (Canton), tél. 86 20 8735 1468, poste 8402, tlj sauf lundi 9h-17h

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°132 du 14 septembre 2001, avec le titre suivant : Les libéralités pékinoises

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