Les images en question par Alex Hanimann

Au mur est présenté un quadruple autoportrait en noir et blanc, réalisé à partir de deux photographies d’identité retravaillées numériquement. Le trouble s’installe, et le visiteur est d’emblée mis face à des jeux d’opposition : les objets imposent leur présence par l’accumulation tout en révélant l’absence humaine, tandis que l’artiste impose son image tout en soulignant son absence. Alex Hanimann, artiste suisse né en 1955, aime jouer des contraires (le mouvement et l’immobile, le champ et le hors-champ, l’original et la copie). L’exposition, qui rassemble des œuvres réalisées au cours des dix dernières années, peut être pensée comme une installation monumentale traitant de la profusion des images dans le monde contemporain et questionnant la mémoire collective. Des sculptures de jeunes hommes et femmes figés, smartphone à la main, réalisées en impressions 3D, dialoguent avec un mur de monochromes noir et blanc disposés en damier (recouvrant chacun une peinture figurative préexistante), mais également avec des peintures reproduisant des photographies emblématiques des années 1970 selon une technique minutieuse évoquant à la fois le pointillisme du XIXe siècle et les pixels des images numériques. Avec cette très belle exposition, Alex Hanimann sème le doute et trouble nos représentations, il questionne les images propres à différentes générations, en mettant toujours en jeu nos perceptions, de la réalité, du temps et de l’histoire.