Art contemporain

Saint-Louis-lès-Bitche (57)

Les hybridations d’Hippolyte Hentgen, entre passé et présent

Musée du cristal Saint-Louis - Jusqu’au 18 juin 2018

Par Léone Metayer · L'ŒIL

Le 22 février 2018 - 346 mots

Hippolyte Hentgen, dans sa pratique quotidienne du dessin, a l’habitude de jouer avec la notion d’assemblage.

Les associations formelles de ce duo formé par Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen oscillent entre culture populaire et culture savante. Marie Cozette (directrice de La Synagogue de Delme), sous l’impulsion de la Fondation d’entreprise Hermès, les a sollicitées pour investir La Grande Place, Musée du cristal Saint-Louis. L’installation du duo se déploie derrière les vitrines du dernier étage, à l’issue du parcours en spirale consacré à la partie patrimoniale du musée. Dessins et sculptures se côtoient au rythme d’un jeu de résonances visuelles.

La technique de l’overlay, qui a donné son titre à l’exposition, permet de réaliser des pièces de cristal par superposition de couches. Les deux artistes ont reconnu dans ce savoir-faire ancestral leur façon de travailler à quatre mains, mais aussi leur envie de raconter des histoires. Pour leur série Tribu, elles ont ainsi travaillé à partir de rebuts de la verrerie auxquels elles ont insufflé une seconde vie. Assemblés à des éléments de « pacotille » venus d’ailleurs (masques en carton, autocollants, épingles, etc.), ces objets défectueux, devenus hybrides, adoptent de curieux airs anthropomorphes, évoquant certains collages des surréalistes ou encore les étranges céramiques de Jean Carriès (1855-1894). La série Les Souffleurs, quant à elle, déploie un panorama de pochoirs et, au milieu d’outils de la cristallerie, un corps semble flotter dans l’espace.

La proposition de Marie Cozette fait preuve d’une grande cohérence : établi depuis 2007 au sein d’une manufacture créée au XVIe siècle et encore active aujourd’hui, ce lieu se situe au croisement d’une multiplicité de narrations et de temporalités. Les deux artistes ont su s’approprier l’histoire des gestes qui traverse ce lieu. Loin d’imiter le passé, elles y ont ajouté leur marque singulière. L’exposition nous invite à voir le potentiel de production contenu dans la ruine, dans ses failles et ses irrégularités, une manière de se rappeler que le temps présent se construit toujours à partir du passé.
 

INFORMATIONS

« Collectionner, le désir inachevé »,
Musée des beaux-arts, 14, rue du Musée, Angers (49), www.musees.angers.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Les hybridations d’Hippolyte Hentgen, entre passé et présent

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